Lucifer vient de conclure son épopée télévisuelle en proposant avec sa sixième et dernière saison, une fin savoureuse pour tous les fans du Malin.
Avant de prendre la place et les fonctions de Dieu, Lucifer Morningstar continue sa thérapie afin de régler de nouveaux problèmes familiaux. Netflix vient de sonner la fin de l’une de ses séries phares, du moins depuis son rachat après l’annulation du show sur la Fox, concluant donc d’une façon proprette les aventures à Los Angeles d’une série diablement sympathique, même si c’était loin d’être toujours le cas.
Toujours emmenée par ses showrunners attitrés depuis le rachat par Netflix, Joe Henderson et Ildy Modrovich, la série (très) librement inspirée des comics Sandman de Neil Gaiman, continue donc sur sa lancée (notre critique de la saison 5) en proposant 10 derniers épisodes forcément un peu inégaux tant dans leur construction narrative que visuellement. Cependant, après 93 épisodes, on se doit de noter le chemin parcouru et de la belle conclusion que la plateforme aura délivrée à ses fans.
Sympathy for the Devil
Pourtant, rien n’était gagné. Sur ses six saisons, Lucifer aura pris un malin plaisir à nous ennuyer régulièrement. La faute repose évidemment sur le format de la série, bouclé, et sur un genre on ne peut plus balisé, le buddy-cop movie. Soit l’association d’un duo hétéroclite, ici le Diable et une fliquette dont la dynamique n’a d’égale que son humour adulescent, des amourettes rocambolesques et des enquêtes policières dispensables, toutes plus similaires les unes que les autres. Sans oublier une bonne dose de mythologie biblique pour épicer le tout.
Une formule magique pour rapprocher la série d’un Mentalist théologique dont l’inadaptabilité sociale est expliquée par sa nature divine. De quoi nous offrir d’évidents quiproquos et saintes confrontations angélico-diaboliques. Mais l’ensemble, bancal, s’offre cependant le charisme indéniable d’un Tom Ellis prétextant n’importe quelle remise en question pour cabotiner les fesses à l’air ou en séduisant facilement la caméra de son œil lubrique. Mais revenons-en à nos moutons.
Cette sixième et dernière saison de Lucifer semble avoir donc appris de ses erreurs et ne nous proposera étonnamment qu’un ultime ride composé seulement de 10 épisodes pour conclure en beauté. Pas (trop) le temps de tergiverser, la thérapie doit être complète pour offrir à l’ancien souverain des Enfers une retraite paisible, et un nouveau job serein. L’occasion pour le show de Netflix de jouer sur le peu de tableau qu’il lui reste encore à explorer, Lucifer s’étant déjà frotté à la comédie musicale, au film noir et au format sitcomien, c’est donc vers la tragédie familiale, les voyages temporels (wtf ?!) que l’on s’engage, sans oublier d’expérimenter une dernière fois lors d’un épisode animé bien référencé mais à l’esthétique peu probante. Mais qui ne tente rien n’a rien et dieu sait que Lucifer aura tenté bien des propositions.
C’est d’ailleurs le thème général de cette dernière saison, nous offrir une sorte de best-off émotionnel des précédentes aventures de Lucifer, tout en résolvant d’évidentes lacunes narratives passées. Pourtant, si l’intention est belle de finalement procurer une absolution au Malin, il est curieux (et dommageable) de voir que le show continue inexorablement de proposer un résultat avenant mais diablement paradoxal. Le récit mettant l’accent sur le rôle parental de Lucifer, pourquoi ne voit-on pas ce qu’il advient de Trixie (Scarlett Estevez) ? Mais surtout, pourquoi Lucifer prive-t-il sa famille de sa présence quand Amenadiel (D.B. Woodside) semble parfaitement jongler entre ses nouvelles fonctions et sa vie de famille ?
Des incohérences surement immuables à la série mais qui viennent amoindrir un tantinet une fin pourtant bien fichue. La série n’aura eu de cesse d’essayer d’explorer la psyché des êtres Célestes en humanisant de façon balourde leurs problèmes respectifs. C’est pas toujours très fin mais c’est plein de bonne volonté et surtout, la tentative est généreuse. Les pirouettes scénaristiques se veulent modérées pour seulement permettre aux protagonistes d’évoluer logiquement. Moins immature, cette saison fait la part belle à l’introspection attendrissante de ses personnages qui jouissent ainsi d’arcs narratifs complets. La gentille Ella (Aimee Garcia) met à jour une apocalypse pour rebooster sa foi quand Maze (Lesley-Ann Brandt) voit son indicible loyauté récompensée par une perspective de vie radieuse. C’est beau et si vous n’avez pas pleuré lors de la rédemption de Dan, on ne peut plus rien pour vous, bande de brutes.
En bref, Lucifer récompense de façon gentiment naïve les attentes des fans dans une saison finale somme toute très logique dans son déroulement, entachée des mêmes plaies narratives mais offrant au Diable un happy-end bien mérité.