Et si en 1908, le jury de l’Ecole des Beaux-Arts de Vienne avait décidé l’admissibilité d’Adolf Hitler au concours d’entrée, au lieu de l’ajourner ? Si Hitler avait pu s’épanouir dans sa passion première que constitue l’art, l’histoire contemporaine aurait été totalement différente, et c’est bien là le propos d’Eric-Emmanuel Schmitt dans La Part de l’autre.
Dans cette uchronie, on suit l’ascension au pouvoir et la vie d’Adolf Hitler, parallèlement à celle d’Adolf H., sorte de jumeau imaginaire, étudiant aux Beaux-Arts, profondément humain et épanoui. Par petites touches, Schmitt modifie la réalité et imagine ce qu’aurait pu être la face du monde si elle n’avait pas été confrontée à la montée du nazisme. Bien loin d’une vision manichéenne présentant le grand méchant d’un coté contre le gentil artiste de l’autre, Eric-Emmanuel Schmitt nous livre un roman profond, qui nous ébranle et dont on ne peut sortir indifférent.
Malgré quelques longueurs, La Part de l’autre ouvre de nouveaux questionnements sur la part d’ombres de chacun et les occasions qu’un événement – aussi infime soit-il – lui donne pour se révéler. Un sujet audacieux pour un roman fascinant et dérangeant qui tient toutes ses promesses.
La Part de l’autre est paru le 10 septembre 2003, aux éditions Livre de poche
Critique écrite par Ella Kay