Les Amours d’Anaïs, premier long-métrage de Charline Bourgeois-Tacquet met en scène Anaïs Demoustier dans le rôle d’une jeune ingénue, une fois de plus, pour un film qui n’a pas grand chose de surprenant.
Les Amours d’Anaïs succède à La Pièce Rapportée où Anaïs Demoustier y campait déjà le rôle d’une jeune ingénue à la sexualité libre. Nouvelle égérie d’un jeune cinéma d’auteur convoquant volontiers des noms tels qu’Éric Rohmer, Jacques Tati où Jean-Luc Godard, on trouve dans les choix de carrière de l’actrice une volonté d’un cinéma auteuriste intellectuel souvent rafraichissant convoquant les noms de cinéastes reconnus tels que Robert Guédiguian et Emmanuel Mouret, aux côtés de jeunes cinéastes, dont Charline Bourgeois-Tacquet qui signe ici son premier long-métrage.
Des amours, désamours
Les Amours d’Anaïs suit ainsi la destinée sentimentale d’Anaïs, jeune trentenaire indécise et sans le sou qui semble vivre uniquement autour de ses différentes histoires d’amour, jusqu’à un grand et fougueux désir. On retrouve ainsi dans les premiers instants du film de Charline Bourgeois-Tacquet la même éclatante fougue que la rayonnante Anaïs Demoustier parvenait à instiller dans La Pièce Rapportée, l’une des seules qualités de ce film à la fantaisie finalement creuse du pourtant fantasque Antonin Perejatko. Tempo rapide, personnalité haute en couleurs, tout semble relier ces deux prestations de l’actrice jusqu’à une inévitable redite.
Parce que comme sa principale protagoniste, Les Amours d’Anaïs ne sait jamais véritablement où il veut aller, sacrifiant pêle-mêle nombre de personnages et de directions pour un ensemble aussi séduisant que déjà-vu. Cette comédie bourgeoise aux allures libérée semble bien étriquée dans son déroulement pour épouser la fraîcheur de son personnage. Il n’en reste ainsi qu’une femme égoïste et insupportable dont les rencontres stéréotypées avec un couple bourgeois soi-disant libéré laissent une impression de vide.
Femmes (semi) libérées
Parce que la vraie grande passion promise par Les Amours d’Anaïs n’éclot finalement que dans son dernier tiers, et que l’on a l’impression que le cheminement de son personnage n’aura servi à rien. De la maladie d’une mère en passant par un avortement et plusieurs rencontres, rien ne touche Anaïs qu’une rencontre avec une auteure plus âgée qui se noie dans des dialogues artificiels et une passion qui se clôt au moment où le film tenait enfin son vrai sujet. On est ainsi très loin de la réinvention du schéma amoureux vu dans les attachants À trois on y va et le récent Chère Léa où Anaïs Demoustier apparaissait.
Il n’en reste ainsi qu’une mise en scène soignée, des décors solaires et une superbe partition de Nicola Piovani. Tout cela, mené avec soin, est ainsi mis au service d’un scénario fade et répétitif qui ne réussit jamais à saisir la fougue, l’indécision et la candeur de son personnage principal, la transfigurant en une épuisante égoïste enfermée dans une bulle artificielle aux dialogues téléphonés qui ne laisse éclore son brûlant sujet que lorsque le long-métrage se conclut. Des amours d’Anaïs, il ne nous reste ainsi que des miettes, si peu pour un film qui faisait de la fougue et de la passion ses promesses initiales.
Les Amours d’Anaïs est disponible en VOD, Blu-ray et DVD chez France Télévisions Distribution.
Avis
Les Amours d'Anaïs est le portrait d'une indécision que le film de Charline Bourgeois-Tacquet s'évertue malheureusement à suivre à la lettre. Il ne nous reste ainsi que peu de choses de cette femme libérée dont la passion n'éclot malheureusement que dans le dernier tiers d'un long-métrage perpétuellement enfermé dans sa bulle, qui n'a que sa maîtrise formelle et son casting de rayonnant.