Après le remarqué Le Traître en 2019, Marco Bellocchio revient au Festival de Cannes 2023 avec L’Enlèvement, une fresque historique impressionnante qui questionne la foi et les choix de la papauté au XIXe siècle.
Adapté d’une histoire vraie, l’Enlèvement raconte le récit de Edgardo Mortara, un enfant d’une famille juive. Baptisé secrètement à sa naissance sans que ses parents ne soient au courant, il a été enlevé de leur garde par l’Église, contrôlée par le pape-roi Pie IX, sous le prétexte qu’une fois baptisé il n’était plus juif, mais bien chrétien.
Cette histoire, qui peut sembler anodine aux premiers abords, a eu un retentissement colossal à son époque (fin des années 1850), car elle questionnait les agissements de la papauté à un moment où son influence déclinée dans une Italie qui n’était pas encore unifiée sous le même drapeau, mais qui s’apprêtait à le devenir.
Histoire puissante
Cette adaptation de l’histoire de Mortara impressionne par ses richesses thématiques. Entre la petite histoire qui rencontre la grande, les questions spirituelles sur la foi et l’éducation, ou encore le drame familial, ce récit pose de nombreuses questions passionnantes qui trouvent diverses réponses (ou non) tout le long du film.
Il n’est pas étonnant qu’un autre cinéaste avait voulu adapter ce récit : Steven Spielberg. Ce dernier avait fini par abandonner son projet, laissant la place au cinéaste italien qui travaillait parallèlement dessus, mais à partir d’autres sources. Finalement, le sort fait plutôt bien les choses étant donné l’œuvre réalisée par Bellocchio. Spielberg, malgré tout son talent, aurait probablement eu du mal à atteindre ce même niveau avec un film en langue anglaise.
Réalisation habile à tous les niveaux
Dès l’introduction qui voit faire irruption la « police religieuse » dans le milieu familial harmonieux des Mortara, tous les ingrédients qui font de l’Enlèvement une belle réussite son réunis. On retrouve les qualités de l’écriture aussi bien dramaturgique que dans dialogues, en passant par un montage tranchant et une utilisation de la musique majestueuse. En quelques minutes, le spectateur est embarqué dans les péripéties de cette intrigue à rebondissements et jamais il ne la quitte.
Enfin, il est toujours possible de réussir son scénario, son image, sa bande-son et se planter royalement à cause d’un mauvais casting. Bellocchio n’a pas fait cette erreur et s’est entouré d’une belle troupe de comédiens qui ont livré de solides interprétations comme c’est le cas pour Paolo Pierobon (le pape Pie IX en pleine crise existentielle), Barbara Ronchi (la mère de l’enfant, détruite psychologiquement, mais digne) et bien entendu du garçon, aussi bien dans sa version jeune que adulte (respectivement Enea Sala et Leonardo Maltese).
C’est donc un sans faute pour Marco Bellocchio qui est revenu en force à ce Festival de Cannes 2023. Avec l’Enlèvement, il signe probablement l’un de ses meilleurs films, utilisant à merveille une histoire d’une grande richesse tout en ayant une mise en scène inspirée, moderne avec un travail sur la photographie remarquable et un joli casting.
L’Enlèvement sortira au cinéma le 1er novembre 2023. Retrouvez tous nos articles du Festival de Cannes 2023 ici.
Avis
Marco Bellocchio est revenu en force à ce Festival de Cannes 2023. Avec l'Enlèvement, il signe probablement l'un de ses meilleurs films, utilisant à merveille une histoire d'une grande richesse, tout en ayant une mise en scène inspirée et moderne.