Le Visiteur du Futur débarque en salles après le succès tonitruant d’une websérie s’étalant aujourd’hui sur plusieurs médias. Et malgré quelques maladresses, cette proposition SF made in France s’avère être d’une sincérité désarmante.
Le Visiteur du Futur est la création d’une bande de copains initiée dans une cave et finissant sur grand écran dans le top 5 de notre box-office hexagonal. 4 saisons, déclinées en tout autant de romans, bandes-dessinées et mangas, et l’histoire d’une ambition française de proposer un spectacle de science-fiction familial et abouti. François Descraques, malgré quelques maladresses, s’éloigne ainsi du décevant Le Dernier Voyage de Romain Quirot, autre proposition de genre frenchie qui malgré de beaux visuels calait sec au niveau du scénario. Si une histoire de trauma familiale vient ainsi inutilement alourdir le récit, il n’en reste pas moins un projet réellement ambitieux et attachant.
Le dernier espoir
Nul besoin d’avoir avalé tous les épisodes de la websérie, ou même d’avoir dévoré les pages des plusieurs œuvres issues de l’univers pour entrer avec aisance dans le Visiteur du Futur. Parce que François Descraques signe ici une synthèse efficace de son œuvre, accessible à tous, et prenant donc comme point de départ un Paris dévasté en 2555 et un père (Arnaud Ducret), député allant acter la construction d’une centrale nucléaire en 2022 et de sa fille rebelle (Enya Baroux) pouvant lui faire changer d’avis et ainsi bouleverser le cours d’une apocalypse arrivant à grands pas sur la destinée désespérée du Visiteur et de ses sympathiques acolytes. Une introduction efficace, des visuels réussis et surtout des personnages diablement attachants.
Cet esprit de synthèse, on le trouve aussi dans l’humour, héritée d’un univers YouTube made in France d’hier et d’aujourd’hui où peuvent aussi bien se croiser les personnages de McFly & Carlito de Monsieur Poulpe, Kyan Khojandi, David Marsais où du Monde à l’envers. La photographie de Mathieu Misiraca, les décors de Paul Chapelle et les costumes de Cécile Auclair évitent cependant l’aspect fanfiction bricolée pour mener Le Visiteur du Futur vers une réelle ambition visuelle prenante et réussie. On est ainsi complètement immergés dans ces deux temporalités, et là où le bât blesse, un peu, c’est dans les apports à la série originelle que vient ajouter François Descraques à son scénario.
Erreurs du passé
Les personnages campés par Arnaud Ducret et Enya Baroux ramènent ainsi les ambitions du Visiteur du Futur vers le téléfilm familial bas-de-gamme. Là où le récit parvient brillamment à mettre en scène un futur désespéré mais surprenamment joyeux grâce à sa bande de formidables interprètes issus de la websérie originelle, dont le passage au cinéma peut enfin leur proposer une réelle profondeur (le personnage de Raph, campé par François Descraques en tête), le scénario semble pourtant plus maladroit dans cette histoire de famille caricaturale et déjà vue tranchant net avec l’alléchante proposition initiale. Heureusement, l’ensemble s’avère porté par un réel amour pour ses personnages et le plaisir d’adapter cette histoire de copains sur grand écran s’avère réellement communicatif.
Parce que ce qui sauve Le Visiteur du Futur, et c’est ce qui pourra paraître aussi niais et bateau devant une proposition aussi ambitieuse, c’est bel et bien l’amour. L’amour de tout un genre, ici porté par les meilleures influences, et d’une bande de copains jouant ici dans la cour des grands avec suffisamment de malice et de plaisir pour que tout cela devienne rapidement contagieux.
Le Visiteur du Futur est ainsi, et enfin, la proposition de SF made in France que l’on pouvait espérer depuis longtemps, et si à une époque c’est la télé qui passait aux choses sérieuses, tous ces créateurs YouTube prouvent que derrière des petites pastilles l’on peut trouver de véritables créateurs, inspirés, ambitieux et surtout réellement talentueux.
Le Visiteur du Futur est sorti le 7 septembre 2022.
Avis
Le Visiteur du Futur réussit son pari d'un spectacle de SF made in France aux visuels et décors réussis, se payant en plus le luxe d'approfondir des personnages déjà diablement très attachants. On pardonnera ainsi au scénario de François Descraques de s'éparpiller lorsqu'il ne s'agit pas de nous parler de futur et de sa bande de copains pour se muer vers un fade téléfilm aux personnages caricaturaux. Mais comme l'ensemble s'avère pétri d'amour, tout passe.