La trajectoire des gamètes suit l’histoire d’une jeune femme qui se lance dans l’aventure du don d’ovocytes.
La trajectoire des gamètes est le récit d’une histoire personnelle qui aborde toutes les formes de parentalités.
Cécile a 36 ans et demi. La précision a son importance, car « l’obsolescence programmée du bas-ventre » menace… Elle décide donc sans tarder de faire un don d’ovocytes. Entre séances de psy, examens gynéco et conversations avec ses parents, elle nous emmène dans cette aventure et, à cette occasion, revisite son histoire familiale. Un seule en scène rythmé et plein de vie.
Une trajectoire de vie
Petite fille conçue par un couple de femmes dans les années 80 puis élevée au sein d’une famille recomposée : rien qui aurait de quoi étonner aujourd’hui, mais qui était loin d’être si banal à l’époque. À travers le texte de Laura Léoni écrit sur mesure, c’est son histoire que nous livre Cécile Covès. Et elle le fait avec une sincérité et une élégance qui la rendent aussi touchante qu’attachante. Son naturel nous charme et nous donne un sentiment de proximité, même si son histoire ne fait pas forcément écho à la nôtre.
Entre une mère un peu barrée qui lui achète des Doliprane en suppo et lui cuisine sans relâche des coquillettes, un père biologique qui n’est définitivement pas Luke Skywalker et un beau-père maîtrisant mieux les humiliations que les manifestations d’affection, Cécile a longtemps cherché sa place. Et la jeune femme qu’elle est devenue ne veut ni être une mère, ni une génitrice. Un trait d’union, voilà ce qu’elle veut être.
Elle questionne d’ailleurs avec intelligence ce désir ou ce non-désir d’être mère. Car, si l’on s’interroge souvent sur les raisons qui poussent des femmes à ne pas vouloir d’enfant, on questionne en revanche bien plus rarement les motivations de celles et ceux qui ont fait le choix de la parentalité…
Un récit intime et contemporain
Si l’on perçoit bien que le parcours du don d’ovocytes est plus complexe qu’il n’y parait, il est plutôt prétexte, à travers les questionnements et inquiétudes qu’il génère, à retracer cette histoire familiale et cette enfance un peu hors-norme. Une histoire que la comédienne aborde avec beaucoup de pudeur, ce qu’il faut de distance et une forme de légèreté qui dynamise l’ensemble.
Elle est tour à tour chacun des personnages importants de sa vie et de sa construction. On sourit, souvent, on rit parfois. Et puis, quelques moments remplis de charme, de douceur se glissent çà et là. Comme lorsque elle fredonne avec sa mère cet air de Nougaro auquel elle doit son prénom. Ou quand la chanson So wonderful vient résonner sur des émotions plus douloureuses, comme un pied de nez à la vie, une manière de danser sous la pluie.
Du rythme !
La mise en scène fluide et habile de Morgan Perez lui sied d’ailleurs à merveille ! Cécile Covès habite la scène et évolue avec grâce et une parfaite maîtrise des ruptures dans ce décor minimaliste fait de fenêtres dont elle ouvre ou ferme les rideaux pour changer d’espace, accompagnée par les jeux de lumière. Ainsi, en un pas de danse, on passe du cabinet du psy à un cours de danse, du temps présent à l’adolescence, des questionnements actuels aux souvenirs d’enfance.
Et si l’ensemble s’enchaîne fort bien, on pourrait toutefois reprocher à cette pièce d’aller un peu vite, jusqu’à une fin un peu abrupte qui nous laisse… sur notre faim. On aimerait, c’est vrai, que certains moments prennent davantage leur temps et nous laissent approcher l’émotion d’un peu plus près, lui laissent le temps de résonner, de laisser une trace. Reste tout de même un sourire sur nos lèvres en quittant la salle. Car la comédienne, radieuse, est à elle seule une ode à la vie.
La trajectoire des gamètes, de Laura Léoni, mise en scène de Morgan Perez, avec Cécile Covès, se joue jusqu’au 15 avril 2023, du mardi au samedi à 19h, à La Manufacture des Abbesses.
[UPDATE 2023] Se joue du 04 octobre au 31 janvier 2024 au Funambule Montmartre.
Retrouvez tous nos articles consacrés au Festival Off d’Avignon ici.
Avis
On se laisse porter par ce récit très vivant qui se promène dans le temps et dans l'espace pour aborder des thématiques très actuelles. La transmission, la quête de sens, le rapport à nos figures parentales ou encore celui à la maternité... Cécile Covès nous parle d'hier et d'aujourd'hui, d'elle et de nous.