Pas du tout découragé par l’échec de ses derniers films, Guillermo del Toro nous revient plus talentueux et amoureux que jamais avec La Forme de l’eau (The Shape of Water)… jusqu’à en faire trop ?
L’amour avec un grand A. L’ensemble du long-métrage transpire de ce beau sentiment. On le retrouve dans cette romance transgenre un brin dérangeante et pourtant si belle, tout comme dans la déclaration passionnée d’un réalisateur au cinéma. Celui-ci se plaît ainsi à user de nombreux codes allant du film noir à la comédie romantique ; son amphibien renvoyant lui-même à L’étrange créature du lac noir. Un mélange harmonieux, sublimé par une photographie et une bande-originale qui transforment chaque scène en tableau vivant. On n’avait pas vu autant de poésie chez del Toro depuis Le Labyrinthe de Pan.
Long. La beauté du cadre ne suffit malheureusement pas à cacher un certain manque de fond. Malgré sa douceur et son côté gentiment transgressif, l’histoire trouve vite ses limites et on sent que le récit tire parfois inutilement en longueur, comme si le cinéaste ne voulait pas encore abandonner ses personnages. Tout en symbolique, La Forme de l’eau renvoie bien à une allégorie de l’amour, mais aussi à une certaine idée du vide.