Nouvelle série « high-concept » de Netflix signée Eric Garcia (Repo Men), Kaleidoscope se vante d’être la première série dont on peut voir tous les épisodes dans n’importe quel ordre. Une promesse faisant rapidement plouf, malgré un éventuel capital sympathie.
Kaleidoscope est une mini-série de 8 épisodes, s’étalant sur 25 ans. Caractérisés par un code couleur, chacun des 8 segments prend place à un moment précis, avant ou après un fameux braquage de banque (l’épisode « blanc »). Ainsi, la promesse de cette série Netflix est que chaque visionnage est directement géré par l’algorithme de la plate-forme, et que l’ordre (et donc l’expérience) soit différente à chaque fois. Un concept prometteur et stimulant initialement, mais relevant finalement de la supercherie marketing pure !
Autant évacuer cet aspect là d’entrée de jeu : Kaleidoscope a cela d’intéressant que l’épisode final reste le fameux casse central, tandis que les avant-derniers épisodes consistent à voir l’issue du fameux braquage avant même que le spectateur ait pu découvrir son déroulé. Toute la partie qui précède revient donc sur la planification du casse, ainsi que le backstory de quelques personnages-clés (de 24 ans plus tôt à quelques jours plus tôt).
Artifice chapitré
C’est donc dans cet amas de 5-6 épisodes que la variabilité d’agencement interviendra. L’avantage étant que chaque épisode prend un point de vue précis (notamment temporel, ou vis-à-vis des personnages centraux) : reconstituer le « puzzle » se veut donc assez ludique, avant que la simplicité enfantine de la structure narrative globale ne vienne balayer cet aspect, au service de l’efficacité et au détriment d’une certaine finesse d’écriture.
Car si vous avez vu n’importe quelle œuvre du genre, de Ocean’s Eleven à la Casa de Papel, en passant par Braquage à l’italienne, Kaleidoscope sera extrêmement familière et codifiée ! Des codes pas déplaisants pour tout amateur du genre ceci dit, tandis que la série (de par sa structure particulière et assez courte) a le mérite d’aller à l’essentiel. Et le casting, sans être incroyable, y est sans doute pour quelque chose.
Tout d’abord, on ne crachera pas totalement sur une œuvre mettant en scène Giancarlo Esposito (Breaking Bad, Better Call Saul, Do The Right Thing) au premier plan : Kaleidoscope bénéficie ainsi d’un lead character charismatique, aux motivations claires bien qu’usitées dans le genre (une vieille rivalité face à un ancienne connaissance proche, autant qu’une volonté de rédemption envers sa fille).
Esposito’s Eleven
Si le reste du trombinoscope n’a rien de bien marquant, il a le mérite d’être incarné et d’offrir quelques dynamiques bienvenues. Il faudra cependant (là encore) passer outre un survol relationnel plus ou moins prononcé. On notera par exemple un triangle amoureux impliquant Rosaline Elbay, Peter Mark Kendall et l’inénarrable Jai Courtney, qui manque de chair (d’autant plus vis à vis du perso de Courtney, beauf fini de la première à la dernière seconde).
Si Tati Gabrielle (Uncharted) amène un soupçon de sympathie, difficile d’en retenir quoi que ce soit vu le peu d’importance accordé au personnage (pourtant moteur émotionnel du protagoniste principal). Même constat pour une Paz Vega pourtant charismatique et partageant une belle alchimie (pour une relation restant trop en surface) avec Esposito. Reste un Rufus Sewell compétent en méchant, même si là encore le lien qui l’unie à notre héros reste bien trop surfait et gratos (en plus d’offrir une cible fastoche). Heureusement, ce dernier ne se force pas trop pour proposer un méchant carnassier et divertissant.
Au final, divertissant est le mot d’ordre en ce qui concerne Kaleidoscope, malgré une promesse marketing relevant presque de l’escroquerie, et une dramaturgie sans relief bien qu’efficace. Même en terme de mise en scène, la série tente d’amener quelques notes de couleur en concordance avec le titre de l’épisode…sans que cela ne soit particulièrement probant ou travaillé également (on passera sur ces 24 ans qui n’en paraissent que 10). Reste un fabrication soignée et carrée !
Kaleidoscope est disponible sur Netflix depuis le 1er janvier 2023
avis
Pas déplaisante ni particulièrement réussie, Kaleidoscope est un pot-pourri de tout ce qu'on a déjà vu dans des productions du même acabit. Un braquage de banque au high-concept gadget, heureusement porté par un cast plutot solide et une fabrication carrée. Il manque néanmoins d'une singularité globale pour ne pas en faire un énième blockbuster Netflix oubliable.