L’illusion verte est un documentaire choc qui risque bien de faire trembler les multinationales et de secouer les consciences.
À l’heure où la protection de l’environnement est une préoccupation majeure, il est urgent de s’emparer de notre pouvoir de consommateur. Pourtant, derrière un certain nombre de choix que nous pensons « éco-responsables » se cachent des pratiques douteuses d’industriels peu scrupuleux.
Werner Boote et Kathrin Hartmann nous emmènent à la découverte des coulisses de différents secteurs de production. Leurs enquêtes sont d’autant plus intéressantes qu’elles sont très fouillées, et confrontent avec intelligence – et sans volonté de culpabiliser – les croyances populaires à la réalité de la situation.
Pour cela, Kathrin Hartmann joue le rôle de l’écolo avertie et engagée, et Werner Boote celui du consommateur soucieux de mieux faire, mais encore trop naïf (autrement dit, un peu nous !). Nous les suivons au cœur même du système, à la rencontre des grands groupes industriels et de leurs représentants, mais aussi sur les lieux de leurs actions désastreuses. La réalité est frappante, impossible à nier ni à oublier.
L’illusion verte : les ravages d’une supercherie bien organisée
Cher consommateur, puisqu’il est de ta responsabilité de sauver le monde, nous mettons à ta disposition de nouvelles gammes de produits que nous étiquetons « bio », « durable », « responsable », « issu du commerce équitable », et autres mentions dé-culpabilisantes et labels que nous créons nous-mêmes (mais ça tu ne le sais pas). T
u crois bien faire en les choisissant, tu te dis que tu fais des efforts toi aussi pour changer les choses, et cela m’arrange car ainsi, tu continues à consommer plus joyeusement encore qu’avant – car avec bonne conscience. Pendant ce temps, moi, multinationale qui domine le monde, je continue à m’enrichir comme si de rien n’était. Et la planète ? Comment ça la planète ?…
Dans les coulisses de notre consommation se joue ainsi une véritable tragédie. Et ce film captivant nous rappelle d’ailleurs une chose essentielle mais trop souvent oubliée : lutter pour la protection de l’environnement, ce n’est pas uniquement défendre la planète.
C’est aussi, par ricochets, lutter pour la protection des droits de l’homme et même, bien plus largement, pour la survie de l’espèce humaine. A grande échelle bien sûr, mais aussi à une échelle plus locale. Car des milliers de vie humaines font les frais de pratiques ignobles des gros groupes industriels dans certaines régions du monde.
Un documentaire coup de poing !
Il faut le reconnaître, ce reportage est assez déstabilisant dans la mesure où il réduit en miettes nos illusions et notre naïveté, nous qui croyions faire de bons choix pour l’environnement en faisant confiance à certains labels, certaines mentions… En effet, derrière ces jolis messages rassurants et ces promesses auxquelles on a sans doute un peu trop envie de croire se cache bien trop souvent une pratique dangereusement populaire appelée greenwashing. Autrement dit, rien d’autre qu’un simple coup marketing dont l’unique but est de verdir l’image d’une marque pour continuer à vendre à tout prix.
Ainsi, nous apprenons – entre autres choses – qu’il n’existe aucune production éthique de l’huile de palme, malgré les promesses contraires inscrites sur certains produits ; qu’il suffit qu’une toute petite fraction d’un produit (de beauté par exemple) soit créée de manière responsable pour que le produit tout entier soit qualifié d' »éthique » ! ; ou encore que les voitures électriques sont – pour d’autres raisons – tout aussi polluantes que nos voitures à essence…
Et si ces révélations ont de quoi nous laisser le cœur lourd dans un premier temps, elles deviennent ensuite un puissant moteur. Car, ainsi sensibilisés et informés, nous découvrons comment nous pouvons devenir de véritables acteurs de cet engagement pour la protection de la planète et contribuer – efficacement cette fois – à faire avancer les choses. Un documentaire passionnant et inspirant, à voir et à partager de toute urgence !