En Boucle fait tourner en bourrique une bande attachante de personnages coincés dans une micro-boucle temporelle de deux minutes seulement.
En Boucle nous provient du réalisateur japonais Junta Yamaguchi, habitué de la science-fiction et du théâtre. Ses thèmes de prédilection; un peu de théâtre, un brin de comédie et des concepts qui retournent le temps. Ce long-métrage s’inspire alors directement de son premier film intitulé Beyond the Infinite Two Minutes. Dans En Boucle, une petite auberge et ses alentours de la préfecture de Kyoto revivent sans cesse deux minutes. Les 120 secondes écoulées, le temps recommence, mais leurs souvenirs demeurent. Aubergistes comme clients tentent alors de décrypter cet étrange phénomène local, quand certains perdent carrément la boule. Sorti en 2023 au Japon, En Boucle arrive en nos contrées par l’intermédiaire du distributeur Art House (Le Grand Magasin, Sidonie au Japon, etc.).

En Boucle ne se prend pas au sérieux ; sa légèreté devient vite son atout principal. Les personnages inspirés du théâtre accumulent les situations comiques, les grandes gesticulations et les bouilles rigolotes. La bande se montre rapidement attachante, d’autant que chaque personnage sera soigneusement développé. Personne ne restera sur la touche. Entre les affolés, les pragmatiques, les lassés, les anxieux et les agacés, chaque spectateur y trouvera son compte.
120 secondes chrono
Chaque session de deux minutes ne laissant pas le temps à une intrigue dense de se former, le scénario opte plutôt pour des petites saynètes. Le principe de la boucle temporelle est assez bien exploité pour que le redémarrage toutes les deux minutes n’assomme pas le spectateur. Et ce, d’autant plus que deux minutes dans le film équivalent presque toujours à deux minutes dans la vie réelle. De plus, le film trouve une explication fantastique, amusante et plausible qui joue sur des références bien connues au Japon. Pour ne pas trop spoiler, disons que le film fait allusion à des œuvres bien connues de patrouilles spatio-temporelles.

Même la réalisation ne se prend pas au sérieux dans ce petit film décontracté (moins d’une heure vingt). Chaque session est filmée à l’épaule en plan-séquence pour suivre tous les mouvements des personnages, souvent dans leurs dos, comme dans un documentaire de société. Et définitivement épuré, le film n’a pas besoin de s’encombrer d’une bande-son ou d’effets particuliers sur l’image (étalonnage, effets spéciaux,…). Cette petite réflexion sur le temps qui s’écoule (qui n’a jamais rêvé qu’il ne s’arrête rien que pour un instant ?) se regarde comme une petite parenthèse délicate et rafraichissante dans notre quotidien parfois effréné.
Et moi je rêve, je rêve d’arrêter le temps
En Boucle conjugue habilement comédie, théâtre et science-fiction dans des saynètes rythmées par le redémarrage incessant du temps. Les protagonistes sont pris dans cette répétition vertigineuse et tentent de comprendre et de briser la boucle avec humour et spontanéité. Comme il se filme majoritairement en plan-séquence et sans artifices visuels marquants, En Boucle propose ainsi une expérience rafraîchissante et légère. Elle se centre sur les émotions, les réactions humaines et l’attachement aux petits instants de la vie. Et dans un second niveau de lecture, elle offre une réflexion ludique sur le temps qui s’écoule.
En Boucle est sorti le 13 août 2025 dans les salles françaises.
Avis
En Boucle entraîne une galerie de personnages hauts en couleurs dans une comédie mêlant théâtre et science-fiction. Clients et aubergistes, pris dans cette répétition troublante, cherchent à en percer le mystère avec humour et vivacité. Tourné presque entièrement en plan-séquence et dénué d’artifices visuels, En Boucle offre une parenthèse cinématographique légère et rafraîchissante, centrée sur l’humanité des personnages et sur une réflexion amusée sur le passage du temps.