Présenté hors-compétition en cérémonie de clôture du Festival de Cannes 2023, Élémentaire est le tout nouveau bébé du célèbre studio Pixar (Toy Story, Nemo, Soul). Si le film se révèle comme une impressionnante démonstration technologique, des aspects viennent ternir l’ensemble.
Dans la mégalopole Element City, tous les élémentaires (feu, eau, terre, air) vivent au même endroit. Néanmoins, ceux du feu sont moins bien vus que les autres – l’eau se retrouve vaporisée, le bois brûle – et sont ainsi cantonnés aux quartiers périphériques, sortes de banlieue pour les rejeté de la société. Le ton est donné, Élémentaire s’inscrit dans notre époque avec des thématiques sociétales.
Ainsi, c’est dans ce contexte d’exclusion selon l’apparence qu’on suit le récit de Flam, une jeune fille (feu) énergique qui doit reprendre la boutique de son père à sa retraite. Bien entendu, on retrouve par ce biais une allégorie des problèmes raciaux aux États-Unis et partout dans le monde.
Techniquement flamboyant
C’est le point fort indéniable d’Élémentaire : Pixar livre une démonstration technique sidérante. Du fait de la nature du sujet qui implique la présence du feu ou de l’eau, les personnages ne sont pas de simples « solides » à animer. Dans le monde de la 3D, pour montrer ces éléments en mouvement, on a besoin de simulations extrêmement complexes qui demandent une ressource informatique colossale, mais aussi des prouesses technologiques. À travers Élémentaire, le réalisateur Peter Sohn révèle tout le savoir-faire du studio Pixar : le mouvement des flammes, l’incroyable complexité et beauté des rendus lumineux à travers l’eau, la qualité des inondations… Tout est magnifique !
De plus, Element City regorge de détails, chaque plan possède des dizaines, centaines, milliers d’éléments qui rendent les images d’autant plus fascinantes. On admire les belles compositions dans les cadrages, quitte parfois à être frustré par le montage qui laisse peu de place à la contemplation au profit d’une narration sans temps mort. La complexité visuelle du monde rend sensible à l’écran cet univers, mais d’une certaine manière cette richesse est sous-exploitée.
Au fond, les films Pixar ressemblent dorénavant à n’importe quel autre film d’animation, les qualités techniques en plus. À l’aube d’un renouveau dans ce médium (Spider-Man Across The Spider-Verse), on attend du studio qui a donné ses lettres de noblesse à l’animation 3D d’embrasser pleinement de nouvelles approches esthétiques.
Une histoire faiblarde
Depuis toujours chez Pixar, tout ce déploiement technique et artistique servent avant tout une histoire. Et c’est là qu’Élémentaire se révèle à la peine. Ce récit n’a tout simplement rien de bien croustillant à proposer au spectateur. C’est une histoire assez banale à la narration convenue, cousue de fil blanc, qui ne captive pas notre imaginaire. Il demeure que l’émotion réussit par moment à susciter de l’intérêt, en particulier dans la dernière partie du film, mais cela ne suffit pas.
Enfin, si le studio a toujours été fort pour distiller différents niveaux de lecture afin de plaire à tous et à toutes, de 3 ans à 103 ans, il échoue dans Élémentaire à parler à un public adulte. Les thématiques abordées (racisme, l’importance du melting-pot culturel, la peur des autres) sont traitées de manière trop simplistes pour intéresser. Le film correspond donc plus à une audience jeune, ce qui n’est pas complètement un défaut, car c’est avant tout pour elle que le film existe.
Bref, Élémentaire ne restera pas comme un grand film de Pixar. Techniquement stupéfiant, artistiquement riche, il manque d’une histoire passionnante et de différents niveaux de lecture plus complexes pour pleinement convaincre.
Élémentaire sort au cinéma le 21 juin 2023. Retrouvez tous nos articles du Festival de Cannes 2023 ici.
Avis
Élémentaire ne restera pas comme un grand film de Pixar. Techniquement stupéfiant, artistiquement riche mais convenu, il manque d'une histoire passionnante et de différents niveaux de lecture plus complexes pour pleinement convaincre.