Douce France est un voyage drôle, mouvementé et instructif de 55 ans au cœur du pouvoir.
Dans Douce France, trois employés de l’Élysée nous dressent un panorama instructif et satirique des présidents de la République qui se sont succédé de 1968 à nos jours. De quoi nous mettre dans l’ambiance à quelques mois des prochaines Présidentielles ! Un spectacle drôle et impertinent, qui nous remet les idées en place !
« Si les français avaient de la mémoire, il y aurait beaucoup moins d’hommes politiques au pouvoir. »
À la fois instructif et divertissant
C’est en compagnie de Pierre-Marie-Joseph et Capucin, deux conseillers spéciaux du Président, ainsi que d’Évelyne, chef du protocole depuis Napoléon Bonaparte, que nous remontons le temps l’espace d’une soirée. Enfin, le temps politique plus précisément. Celui qui file à toute vitesse, au rythme des contradictions, faux-semblants, promesses en l’air et autres éléments de langage dont nos présidents sont probablement les plus grands spécialistes !
Ainsi, ces trois personnages fictifs et un brin burlesques brossent avec délice le portrait de nos différents chefs d’État sous la Vème République, de Charles de Gaulle à Emmanuel Macron. Et c’est sans tabou, avec cynisme mais non moins sans finesse, qu’ils dénoncent et nous rafraîchissent la mémoire. Car c’est bel et bien de faits historiques vérifiés qu’ils s’inspirent. Même si on aimerait parfois se rassurer un peu en imaginant le contraire…
Il y a du niveau à l’Élysée !
À mesure que les présidents se succèdent, on se demande où se trouve vraiment le plus risible (pour ne pas dire le pire). Entre De Gaulle qui annonça envisager l’année 1968 « avec sérénité » ! ; Pompidou qui, après avoir créé le premier Ministère de l’environnement, autorisa l’utilisation massive des pesticides et inaugura le règne de la voiture et du bétonnage massif ; Giscard, dont les élans d’amitié envers les dictateurs et la passion démesurée pour la chasse menèrent à des situations grotesques ; ou encore Sarkozy, le président bling-bling, ami des people, qui s’offrit le petit plaisir d’augmenter son salaire…
Mais on pourrait tout aussi bien citer Mitterrand et ses secrets, Chirac et ses mensonges, Hollande et sa mollesse légendaire ou encore Macron et son hasardeuse « théorie du ruissellement » ! Car tout le monde en prend pour son grade, à bâbord comme à tribord ! Il faut dire que tous semblent traîner suffisamment de casseroles pour faire l’objet d’un spectacle à part entière !
Le temps passe et passe et passe…
… et beaucoup de choses ont changé ! Car, tout au long de ce défilé présidentiel habilement mené, c’est aussi notre histoire que nous voyons se dérouler avec plus ou moins de nostalgie tandis que la technologie évolue au même rythme que la courbe du chômage… ! Ainsi, Minitel, tamagotchi, VHS, Internet 512K ou encore MySpace cèdent sous nos yeux la place aux Airpods, à la trottinette, et à la « start-up nation » ! Autant de clins d’œil qui permettent une connexion émotionnelle plus ancrée dans l’Histoire qui nous est contée, et qui font évidemment sourire les plus de 30 ans.
Tout cela dans un décor simple et efficace qui nous permet de voir à travers les murs et de nous replonger dans les différentes époques, notamment grâce à des projections d’images et vidéos d’archive. Ainsi, dans ce bureau du palais présidentiel, le téléphone sonne sans cesse, les portes claquent, les va-et-viens s’enchaînent, et quelques chorégraphies kitch à souhaits viennent caractériser l’absurdité de certaines situations. Une chose est sûre : on a bien moins le temps de s’ennuyer qu’au Sénat !
« Vous savez, les gens intelligents, il y en a 5 ou 6%. Moi je fais campagne auprès des cons. »
Jacques Chirac
Moi Président, au moins je vous ferai rire…
Douce France réussit le paris d’informer et de dénoncer tout en divertissant, et surtout, sans jamais céder à la condescendance ni au militantisme. C’est drôle, intelligent, rythmé. Et ça fait forcément un peu grincer des dents lorsqu’on observe le fracas avec laquelle la politique échoue inlassablement à se réinventer, à se connecter au réel et à renouer avec un semblant d’intégrité.
Le duo Stéphane Olivié-Bisson et David Salles fonctionne à merveille, et Delphine Baril apporte un petit côté rétro et pince-sans-rire que l’on aime beaucoup. La scène finale sur la crise sanitaire actuelle – hilarante ! – est le bouquet final de ce spectacle détonnant tant les absurdités liées aux différentes mesures, discours et décisions sont nombreuses et parlent inévitablement à chacun de nous. C’est qu’ils savent être inspirants finalement, ces présidents ! Enfin, à leur manière…