Terminée ce week-end, la première saison de Devils s’aventurait du côté de la finance, avec une touche de thriller britannique réussie.
Un tradeur découvre une conspiration qui menace l’Europe et sa jeune devise, l’euro. Produite par Lux Vide, OCS Originals, Orange Studio et Sky Italia, Devils est une série italo-française de 10 épisodes qui mélange astucieusement le thriller au drame financier pour proposer un regard sur la crise économique de 2008. Un pari tenu pour un résultat… intriguant.
Adaptée par une pléiade de scénaristes du roman I diavoli de Guido Maria Brera, Devils propose une nouvelle plongée dans l’univers de la haute finance comme support à une analyse de la société contemporaine et une enquête policière en bonne et due forme. Un programme complexe, riche en rebondissements, mais qui tente cependant de noyer le manque de dynamisme derrière une forme un peu survitaminée. Mais n’est pas le Loup de Wall Street qui veut.
Le Diable s’habille en Prada
Après Le nom de la rose, OCS Signature continue de mettre en place la production d’un paysage télévisuel européen et jouit avec Devils de visages familiers pour son projet original. Emmené par Alessandro Borghi (Suburra) et Patrick Demsey (éternel docteur Mamour de Grey’s Anatomy) ou Lars Mikkelsen (The Witcher), la série use de visages familiers pour mener sa barque en terrain connu puisqu’elle prend place à Londres au moment où la crise des subprimes se déverse sur l’Europe.
De quoi nous proposer astucieusement des images d’archives, comme les prises de parole de Dominique Strauss-Kahn à la direction du FMI, pour ancrer la crise européenne dans une réalité glaciale et aseptisée. Un regard cru sur la toute puissance du système financier des banques notamment face à la dette de certains pays européens, orchestrée de toute pièce pour empêcher la chute du roi dollar. Une critique aiguisée de la société contemporaine, à couvert d’une intrigue plus accessible, policière. Une dualité imagée par la caméra du vétéran Nick Hurran (Sherlock ou Altered Carbon) qui s’insinue dans les méandres de Londres et des bureaux vitrés. Ainsi Devils alterne entre faux semblants, meurtres et corruption pour nous offrir un show diversifié mais malheureusement toujours un peu convenu.
Parce que malgré d’intéressantes prises de risques narratives, la série manque de personnalité. Non seulement Devils comble un manque de rythme ahurissant en multipliant un montage énervé mais va maladroitement s’empêtrer dans une voix off omniprésente ou se perdre avec des artifices formels un peu vains. On se traine pour finalement marcher inévitablement dans les poncifs de ces genres cinématographiques sans que cela n’apporte de plus-value narrative à un show finalement classique.
Originale dans sa conception, Devils est une mini-série efficace malgré des redondances et des stéréotypes trop présents. Dommage que la fin ouverte suggère une deuxième saison.