De l’autre côté du ciel se propose comme une tendre fable écologique mise en scène par Yusuke Hirota, responsable des effets visuels sur l’excellent Shin Godzilla.
De l’autre côté du ciel est ainsi l’adaptation de Poupelle of Chimney Town du très populaire Akihiro Nishino, reconnu au Japon pour ses talents d’acteur, d’humoriste et aussi depuis quelques années d’écriture et d’illustration de livres jeunesse. Vendu à 700 000 exemplaires à travers le monde, cette dystopie écologique n’était pourtant pour son auteur qu’une prémisse à l’adaptation animée qu’il rêvait un jour de mettre en scène. C’est aujourd’hui chose faite puisque l’auteur, toujours crédité en tant que superviseur artistique, s’entoure du talentueux responsable des effets visuels du fort recommandable Shin Godzilla pour une fable malheureusement aussi sincère que fragile.
Poupelle la vie
De l’autre côté du ciel nous conte ainsi le destin du jeune Lubicchi. Jeune ramoneur évoluant au travers des gigantesques cheminées qui recouvrent le ciel de fumée de sa ville, le petit garçon retrouvera un peu d’espoir en rencontrant Poupelle, un homme-poubelle croisé par hasard le soir d’Halloween. Mais dès son introduction, si l’on se trouve rapidement attachés aux personnages, De l’autre côté du ciel a pourtant bien du mal à trouver sa véritable identité. Derrière son bel univers, évoquant autant Blade Runner que Jules Verne, le scénario aligne ainsi les pathos sur le deuil d’un père, le rejet des rêveurs face à un système dictatorial, la solitude d’un jeune garçon et une fable écologique.
On passe ainsi de la triste vie d’un petit ramoneur à un ébouriffant tour de force technique au détour de la fuite d’une déchetterie vers un numéro musical haut en couleurs évoquant L’Étrange Noël de Monsieur Jack (surtout un hommage à la partition de Danny Elfman) pour retomber dans la triste vie familiale du jeune héros, lorgnant cette fois du côté du drame social. Et à chaque sursaut vers la quête d’aller retirer toute cette fumée pour enfin montrer aux yeux de toute une ville des étoiles évoquées comme de ridicules balivernes, De l’autre côté du ciel semble patiner et perpétuellement rester au sol avec nombre de sujets aussi lourds amenés avec beaucoup de maladresse.
Quête d’identité
Ainsi, si cette quête d’identité entre drame social, fable écologique et conte rêveur ne se résoudra jamais vraiment, on ne peut cependant retirer au film de Yusuke Hirota et Akihiro Nishino sa désarmante sincérité. On ne peut qu’être émus, devant nombre de choix de doublages français plus que discutables (La Famille Addams, Lego Batman, le film) d’avoir opté pour Philippe Katerine dans le rôle de cet homme-poubelle. Ayant beaucoup souffert de harcèlement scolaire dans son enfance, jusqu’à se faire surnommer Poubelle, l’acteur-chanteur-compositeur-dessinateur ajoute ici une nouvelle corde à son arc en apportant toute la justesse et la sensibilité déjà observée dans Le Grand Bain. On retire ainsi dans quelques échanges avec les yeux rivés vers le ciel quelques très beaux instants de grâce.
On ne saurait donc que trop vous conseiller de pardonner ses maladresses à ce film aussi fragile que sincère. Malgré ses foisonnantes ambitions et ses écrasantes références, il demeure malgré tout dans De l’autre côté du ciel une quête humble et modeste d’un long-métrage à l’animation de très belle facture et ayant le mérite de se frotter à des sujets sensibles et très actuels. Même si elle y perd quelques ailes au passage, cette ascension vers les étoiles demeure aussi rêveuse que maladroite qu’un rêve d’enfant, aussi naïf et mièvre que réellement touchante par instants.
De l’autre côté du ciel est sorti le 17 août 2022.
Avis
De l'autre côté du ciel est un film empli de maladresses. Passant son temps à chercher sa propre identité entre sujets trop lourd abordés maladroitement et d'écrasantes références, cette fable écologique parvient cependant à prouver toute sa sensibilité et sa modestie. Il faudra ainsi pardonner sa fragilité à ce joli film à l'animation d'excellente facture pour plonger, les yeux vers le ciel, dans ce rêve d'enfant aussi mièvre que réellement touchant par instants.