Les bons réalisateurs de film de genre se font rare – ou plutôt ils souffrent d’un manque de visibilité à une époque dominée par les productions à 200 millions de dollars. Le cinéaste français de la Colline a des yeux et de Piranha, Alexandre Aja, a néanmoins réussi à se faire une petite place respectée dans le milieu.
Avec Crawl, Alexandre Aja, épaulé par le producteur/cinéaste Sam Raimi, s’attaque au thriller en eau trouble avec un film d’alligator mélangé à un film catastrophe. C’est le récit d’une femme qui s’en va chercher son père dans une zone inondable tandis qu’un ouragan pointe le bout de son nez. Sans vous en dévoiler plus sur l’intrigue, ce n’est jamais bon d’être dans le terrain de chasse des plus féroces prédateurs de la Floride, surtout quand l’eau envahit votre maison.
Une réalisation efficace.
Le travail réalisé par Aja et son équipe est remarquable de réalisme malgré la difficulté inhérente à ce type de projet. Non seulement la moitié du film se passe dans l’eau, mais en plus, il faut rajouter des alligators crédibles dedans. De ce point de vue là, Crawl se révèle une grande réussite avec des effets spéciaux invisibles et un vrai sens du montage et du cadrage. Bien entendu le film n’est pas exempt de défauts. Entre autres, on regrette la grande profusion de « jump scare », véritable fléau de la production horrifique actuelle.
Mélange de genre compliqué emballé dans un récit simple.
On ne s’attendait pas à un récit de haute volée, néanmoins il tient très bien la route. Aja garde le cap tout le long, pourtant ce n’était pas gagné d’avance avec un tel assortiment de genres cinématographiques. Par contre, Crawl possède son lot de clichés, mais fort heureusement, le cinéaste joue généralement plutôt adroitement avec eux. Qui plus est, la durée limitée du long-métrage (1h28) évite au réalisateur de diluer son histoire avec trop d’intrigues secondaires. À la manière du fonctionnement de la magnifique mâchoire de nos amis alligators, Alexandre Aja fait un travail efficace, précis et surtout de passionné (bon, je ne sais pas si le terme « passionné » marche pour définir un alligator…). On a envie de dire : que demande le peuple ?