Clara Luciani : Ça commence comme ça se propose comme un portrait intime et inédit de l’artiste, mais malgré ses qualités, n’échappe cependant pas à un certain formatage.
Clara Luciani : ça commence comme ça, disponible sur Amazon Prime Video, succède à la plus grande réussite de la plateforme, et ne peut ainsi éviter la comparaison avec l’incontournable Orelsan : Montre jamais ça à personne. La série de Clément Cotentin a ainsi réussi à aisément dépasser son ambition de documentaire pour se muer au fur et à mesure de ses dix épisodes en une proposition aussi générationnelle qu’intime et touchante, tout en observant le douloureux processus de création avec beaucoup de préciosité et de générosité. Clara Luciani, artiste toute aussi complète à la carrière impeccable, avait ainsi déjà eu les honneurs d’un documentaire baptisé Jump et diffusé sur Culturebox où l’artiste se livrait avant son premier Olympia sur le début de sa carrière.
Entre dessins qui prenaient vie et confessions sur un succès que l’artiste n’attendait plus après des années de doute et de galères, on retrouvait déjà la qualité intimiste inhérente à ce genre de proposition, dans un format certes plus modeste mais d’autant plus réussi que ce plus ambitieux Clara Luciani : ça commence comme ça, réalisé par Philippe Lézin. Parce que malgré la sincérité évidente de l’entreprise, cette dernière n’échappe cependant pas à un certain formatage.
Sainte-Victoire
Clara Luciani : ça commence comme ça échappe cependant à tout désir de projet promotionnel, arrivant au moment où l’artiste clôt sa tournée et les deux folles années ayant suivi la sortie de son deuxième opus, le très réussi Cœur. Conçu en plein confinement, on assiste ainsi sans jamais trop en savoir à la création de l’exercice périlleux du second album, devant quelques sympathiques mais néanmoins trop courtes sessions d’enregistrement. Si l’on découvre la symbiose entre Clara Luciani et son compositeur et arrangeur Ambroise Willaume alias Sage au détour de la création compliquée du tube qui révèlera l’artiste au grand public, le tube La Grenade, la caméra de Philippe Lézin ne s’aventure cependant jamais en dehors des sentiers battus inhérents à ce genre de proposition.
Alternant images d’enfance et incontournables visites des lieux communs, de l’école au quartier où Clara Luciani a passé son enfance, l’artiste se révèle en fragments comme la grande incomprise, rejetée, aussi fragile que conquérante qui se découvre au fur et à mesure de ses bouleversantes chansons. De la disparition d’un grand-père adoré en pleine épidémie à la rupture qui a inspiré son premier album Sainte-Victoire, Clara Luciani : ça commence comme ça coche toutes les cases du documentaire intime sans cependant jamais n’aller un peu plus loin. On ne fouillera ainsi jamais trop dans le processus de création des chansons, des bouleversements de l’actualité ayant permis à l’artiste de devenir incontournable et entendue, qu’au détour d’un sentier bien trop balisé pour toucher le véritable cœur intime de l’artiste.
Pincement au Cœur
La préciosité du parcours de Clara Luciani, de son physique et talent hors-normes, ainsi que ses confidences parfois très intimes se heurtent ainsi à un montage bien trop balisé pour susciter l’émotion. Il est ainsi rare de voir l’univers de l’artiste prendre forme, là où le documentaire plus confidentiel qui lui avait été dédié en 2019 avait l’excellente idée de faire prendre vie à ses dessins, tout autour d’une chambre où d’un tour-bus, lieux plus clos où le sentiment d’intimité paraissait beaucoup plus présent. On caressera ainsi certains des traits de la personnalité de Clara Luciani, dont ses sautes d’humeur permanents, ici résumés en une poignée de secondes, pourtant précieuses où le doute permanent inhérent à chaque artiste aurait pu faire vibrer une certaine corde sensible.
Il reste ainsi de ce Clara Luciani : ça commence comme ça l’impression d’avoir vu un énième documentaire sur un.e artiste, malgré toute la singularité, le talent et les confessions parfois très intimes de Clara Luciani. Pourtant doté d’une ambition plus confortable et des moyens de diffusion d’une plateforme toute puissante, la proposition de Philippe Lézin ne fait ainsi jamais exploser l’univers de la chanteuse et ne transcende jamais sa trajectoire de comète vers le succès qu’en un honnête mais générique document, dont le résultat n’épouse que rarement, et malheureusement la fougue de son sujet.
Clara Luciani : ça commence comme ça est disponible sur Amazon Prime Video.
Avis
Clara Luciani : ça commence comme ça ne dépasse jamais son ambition de documentaire d'artiste générique malgré la fougue et le talent de son interprète. Souffrant d'un montage trop balisé, la proposition de Philippe Lézin coche ainsi toutes les cases inhérentes à ce genre de proposition sans jamais ne rien approfondir, et surtout ne rien proposer de neuf malgré la préciosité des confidences et de certaines images très intimes.