Twilight of the Warriors Walled In/City of Darkness est le nouveau film de Soi Cheang (Limbo, Mad Fate) ressuscitant le film de baston hong-kongais pour un résultat aussi jouissif que réussi !
Soi Cheang a vu son nom épelé sur toutes les lèvres avec la sortie de Limbo, polar hard-boiled bien énervé dans un Hong-Kong craspec en noir & blanc. Pourtant, le réalisateur (ayant déjà une carrière de plusieurs années) avait déçu avec Mad Fate, mais City of Darkness (Twilight of the Warriors Walled In) revient corriger le tir en ressuscitant un projet vieux de 20 ans.
Projet qui sort des ténèbres
En effet, City of Darkness devait initialement être mis en boîte par John Woo et Johnnie To, sur un canevas de guerre de triade au sein même de la Citadelle de Kowloon dans les 80’s. En effet, ce bidonville labyrinthique a réellement existé à Hong Kong (de la fin du XIXe siècle jusqu’à sa démolition en 1994) sert de décorum a une mythologie rapidement exprimée lors de l’introduction.
Nous découvrons donc qu’après une lutte de gangs ayant eu lieu 2 décennies plus tôt, une triade à l’intérieur de Kowloon subsiste, dirigée par Tornade (Louis Koo). Tandis qu’à l’extérieur, le territoire est avant tout occupé par Mr Big (le légendaire Sammo Hung). L’intrigue nous présentera ensuite Chan (Raymond Lam), un réfugié qui va atterrir au sein de la communauté de Kowloon après avoir volé de l’argent à Mr Big. La paix initialement apparente va ainsi se muer en un ultime affrontement !
Meilleurs combats HK depuis 20 ans
Et quel affrontement ! City of Darkness propose aisément les meilleures bastons vues dans le cinéma HK depuis 20 ans. Quelque part entre l’énergie kinétique d’un Tsui Hark (Time and Tide en particulier) et l’exubérance d’un Stephen Chow (on pense aussi à Crazy Kung Fu et sa frontière avec le fantastique), les divers combattants sont dépeints tels des super-héros martiaux, capables de prouesses dingues et de mouvements impeccablement captés par un montage pêchu.
On retiendra surtout 2 morceaux de bravoure musclés (le climax du 2e acte, puis un combat final à 4 vs 1 prenant des allures de boss ultime de jeu vidéo), mettant en avant une dimension de camaraderie primordiale dans la trame de City of Darkness. Et c’est sans doute à cet endroit que l’on touchera du doigt la principale faiblesse du métrage : l’arc narratif de son personnage principal !
En effet, Chan fait office de porte d’entrée du spectateur dans l’univers de Kowloon City, alors que ce dernier se découvre une nouvelle famille. Soi Cheang parvient en un temps record à immédiatement caractériser les 3 autres membres (VHS, Douzième Maître et Shin) allant constituer le quatuor de guerriers défenseurs de la Citadelle. Un esprit de fratrie se développe alors, tandis que la caméra s’attarde à plusieurs reprises sur l’enchevêtrement de tuyauterie et autres murs effondrés pour capter le microcosme que représente le fameux bidonville. Une dimension sociale est ainsi automatiquement présente, et donc bienvenue !
Ceinture blanche du parcours héroïque
Sauf qu’à mi-parcours, le réalisateur semble oublier la société préalablement présentée, préférant non seulement se concentrer sur ses personnages principaux (logique), tout en oubliant complètement le collectif jusqu’à un climax sans aucun figurant ou quidam. City of Darkness abandonne presque Chan en cours de route également, dont le parcours héroïque devient un tantinet téléphoné après un combat de perdu..mais sans réel apprentissage postérieur ! Cheang s’intéresse cependant aux relations filiales avec un regard compatissant et chaleureux, traitant des traumas familiaux dans une veine similaire au cinéma indien.
Heureusement, pour toutes les raisons citées, City of Darkness se veut réjouissant à plus d’un titre rien que d’un point de vue purement régressif : ça tape, ça brise des os, ça saigne plus que de raison et ça détruit des murs dans une production design détaillée extrêmement cinégénique, servi par une fabrication coup-de-poing. On veut déjà la suite (une trilogie est prévue) !
City of Darkness sortira au cinéma le 14 août 2024. Retrouvez tous nos articles du Festival de Cannes ici.
avis
Passé un parcours héroïque et une dimension sociale rapidement délaissée, City of Darkness séduit de par sa fabrication coup-de-poing, proposant ni plus ni moins que les meilleures scènes d'action du cinéma Hong-kongais depuis 20 ans. Un pur plaisir régressif avec de réelles idées de mise en scène : c'est évidemment validé !