Le pilote nous avait déjà mis une grosse claque, la suite de la mini-série Chernobyl a fini de nous laisser béat d’admiration, choqué.
Face au plus terrible accident nucléaire du XXe siècle, scientifiques et politiques tentent de limiter les dégâts et de comprendre l’origine de la catastrophe. HBO fait très fort avec cette mini-série poignante sur (T)Chernobyl ou seulement 5 épisodes suffisent à peindre avec une précision monstrueuse le tableau d’un évènement inconcevable. Une incroyable réussite narrative et visuelle.
Si le premier épisode s’apparentait à un scénario catastrophe, la suite se profile en thriller horrifique et politique. Les images et les dialogues sont insoutenables alors que les mensonges s’accumulent dans une URSS en plein déclin. Une hypocrisie humaine, face à la négligence et une propagande qui marquera durement la fin du XXe siècle. Cependant, si Chernobyl dénonce le régime de Gorbatchev avec vigueur, la série souffre d’une vision américaine, loin d’être impartiale. Les acteurs, excellents, sont anglophones et illustrent trop la hâte avec laquelle l’Amérique tend à se mêler des affaires des autres, surtout quand il s’agit de critiquer le système soviétique.
L’horreur la vraie !
Focalisée sur les conséquences de la fusion du cœur, de la pollution à la mort de milliers d’hommes, la série de Craig Mazin ne manque pas de montrer le sacrifice héroïque des scientifiques ou des miniers appelés en renforts. Mais alors qu’on attendait à voir les répercussions incommensurables sur l’Europe entière, les épisodes reviennent sur les causes de l’accident supposément impossible. Un thriller qui trouve son moment d’apothéose dans l’ultime épisode, le procès orchestré des responsables, en revenant à la seconde près sur l’explosion nucléaire, livrant une ultime lecture de la catastrophe.
Pour ce faire, le réalisateur Johan Renck use de tous les artifices pour montrer la peur, la vraie. Celle qui prend aux tripes et nous soude à notre siège alors qu’on assiste à l’inconcevable. Dans cette image désaturée, complètement morte, s’activent des personnages déshumanisés, grisonnants, dans une horreur lancinante, invisible mais qui ne laisse personne indifférent. D’ailleurs chaque épisode se solde par un générique mort, dépourvu de son, juste éclairé par une typographie blanchâtre, sans vie, histoire de prolonger notre agonie même une fois les lumières éteintes.
A ce titre, Stellan Skarsgard joue un personnage exceptionnel, hautain au début, il devient vite résigné et s’humanise au fur et à mesure que la mort le rapproche du génial et central Jared Harris. Mention spéciale également à Emily Watson dont le rôle est lui fictif, avec la vocation de représenter les nombreux scientifiques qui ont participé à l’endiguement de la radioactivité de Tchernobyl et que la série à choisi de synthétiser.
Chernobyl est une série coup de poing, un show ou les dialogues font presque plus mal que les images, où les explications finissent de susciter notre imagination à des conséquences inimaginables. Un must-see en attendant de visionner la prochaine version Russe.