En parallèle de la fin de Game of Thrones, HBO propose Chernobyl, un biopic terrifiant sur la catastrophe nucléaire de 1986. Le pilote fait l’effet d’une claque monumentale.
Le 26 avril 1986, en URSS, le réacteur de la centrale Lénine entre en fusion, conduisant au plus grand accident nucléaire de l’histoire, avant Fukushima en 2011. Cette mini-série de 5 épisodes lève le voile sur les évènements qui ont découlé de la fusion du réacteur de (T)Chernobyl et l’horreur des pertes humaines, engendrées par la bêtise des politiques. Un portrait édifiant.
Plutôt que de montrer les erreurs qui conduiront au cataclysme, la mini-série de Craig Mazin se place comme un témoignage, celui de l’expert appelé pour endiguer la responsabilité d’une URSS fière et congelée dans son propre déni. Comme pour la population européenne et ukrainienne, l’issue est inévitable et montrée dès les premières secondes. La mort attend chacun des personnages et Chernobyl promet d’être insoutenable, mais diablement efficace !
The day after tomorrow
Véritable tour de force visuel et narratif, Chernobyl est un pur produit du genre catastrophe, oppressant et inéluctable. Le réalisateur suédois Johan Renck joue avec une image désaturée, poisseuse et ternie par la mort omniprésente, déjà répandue parmi une population loin de se douter du destin funeste qui l’attend. Une reconstitution parfaite de l’effondrement de la guerre froide au milieu de laquelle des plans fixes monstrueux montrent les pierres, les métaux et les peaux défigurés par les radiations mortelles et incommensurables.
Porté par une musique lancinante, dérangeante, Chernobyl finit de peindre un tableau glauque et insupportable alors que des images, d’une poésie saisissante, exposent véritablement cette apocalypse. Des enfants jouent avec une neige radioactive pendant les puissants se réfugient dans des bunkers et nient l’évidence d’une catastrophe surnaturelle ou que les pompiers tente d’éteindre un feu « bénin ». Trois focalisations, trois conséquences d’un accident aux répercutions impensables. Un paradoxe « malaisant », à la sobriété acérée, mais auquel on reprochera son casting britannique plutôt que soviétique.
Pur bijou télévisuel, Chernobyl propose un scénario poignant et immersif, servi par une imagerie brutale, du grand art, addictif et traumatisant.