Présenté au Festival de Cannes 2025 en compétition officielle, Fuori de Mario Martone (Nostalgia) entend lever le voile sur un passage de la vie de l’écrivaine Goliarda Sapienza. Le résultat est d’un ennui profond !
Pour aborder Fuori, il faut recontextualiser qui est Goliarda Sapienza. Autrice italienne célèbre du XXe siècle, on lui doit avant tout L’Art de la Joie. Une œuvre tabou à l’poque de par sa dimension contestataire et féministe, mais avant tout un petit chef-d’œuvre sur la connaissance de soi qui a été en gestation pendant près d’une décennie (entre 1967 et 1976). Ce dernier a même été publié de manière posthume en 1998, synthétisant à lui seul toute l’aura de son autrice.

Une aura sulfureuse initiale donc, tandis que Fuori entend lever le voile sur une période de la vie de Sapienza (jouée par la super Valeria Golino) alors qu’elle a fini son roman. Nous sommes ainsi dans les années 80, après que son manuscrit n’ait été rejeté par toutes les maisons d’édition possibles. Dans un acte irréfléchi, elle commettra un vol de bijoux l’envoyant directement en prison.
Privée de sa liberté et portant une réputation ternie, Goliarda Sapienza va tisser un lien d’amitié avec d’autres détenues, notamment Roberta (Matilda De Angelis). De nouveau en liberté, ce lien va se poursuivre entre les 2 femmes malgré la différence d’âge. D’où le « Fuori » du titre (littéralement « au dehors »), tandis que le réalisateur loupe le coche de son récit.
Fuori : faux-biopic dévitalisé
On devait déjà à Matteo Martone le soporifique Nostalgia, et ce dernier récidive ici alors que les personnages traversent les espaces vides les uns après les autres telle une dérive existentielle ostentatoire. Pour autant, Fuori reste dans l’horizontalement globale dans chacun de ces aspects, et un réel nivellement dramaturgique vers le bas.

Rien ne sera dit ou exprimé afin de mettre en exergue l’expérience de vie de l’autrice, et son expression dans le récit sensuel et féministe qu’est L’Art de la Joie. Soit, le parti-pris de Fuori sera de ne pas faire de pont thématique, mais même d’un pur point de vue structurel, le récit bazarde le passage à la prison de Rebbibia sans réellement épouser la bascule de point de vue du personnage.
Problème d’approche créative
Pire, tout est fait sous forme de brefs flash-backs uniquement présents pour illustrer la formation de cette bande d’amies, formée dans un milieu où junkies, prostituées et autres voleuses évoluent dans leur microcosme. Une société sans perspective donc, alors que le retour à l’extérieur devient le réel sujet de Fuori.

Martone offre d’ailleurs quelques instants équivoques à ce sujet, faisant de sa trame une fugue sans réel autre but que la recherche de connexion entre Sapienza et Roberta. Valeria Golino et Matilda De Angelis ont une complicité qui transpire à l’écran, et leur talent tente régulièrement de compenser la dérive qu’est Fuori. Mais malgré une certaine aura mélancolique contrastant avec les décors estivaux italiens, c’est bien le sentiment d’inabouti qui prédomine dans ce faux-biopic chaste incapable de cerner son sujet.
Fuori sortira au cinéma le 3 décembre 2025. Retrouvez tous nos articles du Festival de Cannes ici.
avis
Avec Fuori, Mario Martone se plante dans les grandes largeurs en ne parvenant jamais à capturer qui est Goliarda Sapienza. En résulte une longue et lancinante dérive existentielle désincarnée, dont le peu de romantisme émane seulement du talent de Valeria Golino et Matilda De Angelis. Bref, du pur canada-dry à la sauce spritz en somme !