Arrivé au terme d’une mise en abîme opératique, voilà que revient en mémoire l’allégresse rêveuse de Fellini et de son magnifique Huit et Demi. A la différence près qu’en lieu et place de la séduction mélancolique de Mastroianni, Birdman ouvre son cirque théâtral sur une amertume et une inquiétude éminemment moderne.
Car Innaritu ne place pas ses hallucinants plan-séquences dans un Broadway fantasmé pour rien. Il s’agit pour lui d’inviter son spectateur à tirer le bilan d’une créativité désormais en berne, de figures théâtrales à la recherche de leur propre définition. Le tout se déroulant dans un étourdissant mouvement continu dont les fausses fins multiples constituent la seule faiblesse.
Au milieu de ce tourbillon frôlant parfois l’overdose de vérités lapidaires – particulièrement sur les critiques, mal incarné – la peau ridée de Michael Keaton arbore une véracité éminemment poignante: celle d’un homme esseulé par sa célébrité initiale, devenue à la fois oripeau pesant et double vicieux. Il était temps que Birdman redonne à cette âme blessée ses lettres de noblesse en un feu d’artifice flamboyant.
Birdman sort le 25 Février en salles.