Il faut à peine quelques secondes à Assassination Nation pour nous planter le décor : si tu aimes le bon goût et les métrages proprets, va voir ailleurs si tu y es.
Assassination Nation fait passer toute la saga American Nightmare pour Barbie au pays des licornes si ce film existait. L’introduction nous annonce la couleur : la transgression sera totale et on va se manger une critique acerbe de la société, plus particulièrement américaine, sous acide. Homophobie, machisme, harcèlement scolaire, drogue, alcool, sexe, sang, meurtres… Sam Levinson (fils de Barry) nous prépare la totale.
Mais avant que la folie s’empare de la petite ville de Salem et de sa chasse aux sorcières contemporaine, Assassination Nation installe son ambiance en dévoilant une véritable hystérie visuelle. À grand renfort de néons, de couleurs criardes, de plans-séquences et tout un tas d’autres joyeusetés scéniques, le réalisateur soigne son trip pop qui ne sera pas sans rappeler d’autres avant lui (Spring Breakers en tête), en plus débridé, en plus assumé.
Assassination Nation porte bien son nom
En commençant sur les diatribes d’une future coupable idéale, délicieusement détestable (Odessa Young, parfaite), le long-métrage charge son arme et se prépare à se déchaîner un malaise destructeur sur le spectateur. Si le déferlement de violence saura prendre son temps avant de débarquer – et il ne fera pas, ensuite, les choses à moitié -, c’est surtout pour faire magnifiquement monter la sauce avec sa représentation cynique et pourtant ô combien réaliste de la société moderne avec ses peurs et surtout ses nombreux vices.
Et tandis que les charognes se repaissent des cadavres des premières victimes, on voit se dessiner le portrait morbide de notre quotidien notamment autour des jugements à l’emporte-pièce sans aucune réflexion qui fleurissent sur les réseaux sociaux. Assassination Nation est un concentré de la haine de l’autre, du regard d’autrui, grinçant, mais jamais gratuit, qui se gardera bien de désigner les gentils et les méchants, préférant laisser à ces jeunes filles le soin de se défendre elles-mêmes. Une orgie violente, libératrice, amorale, imparfaite, nécessaire qui ne laissera personne indifférent.