Ce qui reste d’un amour explore la force, les mystères et les contradictions d’une passion amoureuse à travers l’histoire d’Alice et Hugo.
La voilà enfin… notre histoire d’amour de ce Festival ! Nous avions trouvé notre pépite l’année dernière avec Voyage à Napoli, qui figure d’ailleurs dans notre sélection pour cette édition 2025, nous pensions que l’amour ne frapperait finalement pas cette année. Jusqu’à ce nous poussions la porte du très intimiste Atelier Florentin pour y rencontrer Alice et Hugo…
« Comment est-ce possible que quelque chose d’aussi fort se soit évaporé ? »
L’heure de l’état des lieux
Il est 3h du matin quand Alice sonne chez Hugo alors qu’ils ne se sont pas vus depuis leur rupture brutale un an plus tôt. Ils sont aussi surpris l’un que l’autre de se retrouver là, au beau milieu de la nuit et de leurs souvenirs intacts. Oui, elle veut bien un verre de vin, merci. Il meuble en parlant théâtre, sa carrière à elle de comédienne, ses projets à lui de musicien… jusqu’à ce qu’elle pose enfin la question. « Pourquoi c’est fini ? »

Alors les retrouvailles basculent vers autre chose. Les reproches, les souvenirs, les nouveaux amours, pas moins forts mais différents et surtout possibles… ils tournent autour d’eux comme on soufflerait sur les braises d’une passion endormie, même si elle s’en défend d’abord. Elle est passée à autre chose, tente-t-elle de se convaincre. D’ailleurs, l’un et l’autre sont en couple, heureux et amoureux. Pourtant, le cynisme avec lequel il finit par réagir et la colère qui soudain les dévore dit tout à fait autre chose. Tout dit autre chose.
S’il suffisait d’aimer…
Les premières minutes, un peu fragiles, nous ont fait douter. Des comédien.ne.s et de l’histoire pour être honnête. Mais, très vite, quelque chose s’est passé. La simplicité du jeu de Caroline Devismes et Thomas le Douarec s’est changée en sincérité et nous nous sommes mis à y croire. Et même mieux : à reconnaître la passion amoureuse. Celle que l’on n’oublie jamais quand on a eu la chance et la douleur de la croiser. Celle qui n’a rien à voir avec de l’amour, qui obsède, rend ivre. Celle qui n’a aucune issue.

Ces histoires là, ça ne vous lâche jamais, ça vous rattrape sans cesse, ça vous hante. Parce que rien ne vous a a jamais fait monter aussi haut… et qu’aucun précipice ne sera jamais plus profond. Le texte de Carlotta Clerici explore cela avec une finesse et une acuité formidables. Sans rien vous révéler de plus des rebondissements pour garder intact le plaisir de la découverte, elle nous plonge tour à tour dans la perspective de l’un et de l’autre.
Ce qui reste d’un amour : Je t’aime… moi non plus
Ils sont touchants, attachants, nous font rire aussi. Le jeu de Caroline Devismes & Thomas le Douarec est d’une grande justesse, tout en simplicité. Il traduit la tendresse, la complicité, l’affection profonde, la nostalgie… et à la fois la douleur, le manque, la frustration et la colère, avec toutes les nuances qu’il faut. L’attachement et le désir qu’Alice et Hugo ont l’un pour l’autre les réunit, mais leurs attentes, leur vision de la relation les éloigne.

Seuls ceux qui n’ont jamais connu la passion douteront de la crédibilité de certains rebondissements. Les autres sauront à quel point tout est réaliste. Et c’est précisément cela qui est venu nous toucher si fort dans cette création. Il n’y a, dans l’écriture comme dans le jeu et la mise en scène, aucune volonté de faire du grand, du beau. Juste celle de faire du vrai. Et c’est là que ça devient grand et beau.
Ce qui reste d’un amour, de Carlotta Clerici, avec Caroline Devismes & Thomas le Douarec, se joue du 5 au 26 juillet 2025 au Théâtre de l’Atelier Florentin.
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Avis
C'est aussi comme ça que nous aimons le théâtre : quand il ne cherche pas à en faire des tonnes mais à frapper juste. Quand il nous parle d'amour avec le cœur. Pour savoir si nous avons eu un coup de cœur, nous interrogeons ce que nous avons ressenti sur le moment, mais aussi ce qui nous en reste. Ce qui reste d'un amour finalement... Et, dans notre cas comme dans le leur, c'est une envie d'y revenir.