Parce qu’au Festival de Cannes il n’y a pas que la Compétition, mais également la sélection Un Certain Regard. Un florilège de films avec un regard souvent unique, venant de cinéastes en devenir : cela tombe bien, How To Have Sex a gagné le grand prix ! Ce récit authentique parvient à capter la fin de innocence en prenant le pouls de la jeunesse contemporaine. Retour sur cette trouvaille de Molly Manning Walker !
How To Have Sex débute en nous présentant 3 amies britanniques : Tara, Skye et Em. Ces dernières viennent de finir le lycée, et décident de fêter cela en partant pour un spring break à Heraklion, en Crète. Elles comptent bien enchaîner les soirées endiablées, les cuites pas possibles, ainsi que les rencontres pour ce séjour méditerranéen synonyme de liberté.
Tara (Mia McKenna-Bruce) quand à elle est la seule du trio à être encore vierge. Et alors que le séjour débute sous les meilleurs hospices via la rencontre de leurs colocs anglais, l’euphorie ambiante va peu à peu laisser place au doute et à la redescente émotionnelle. Bref un programme d’1h30 qui pourrait s’apparenter au pitch d’un teen movie US tout à fait classique, mais où la réalisatrice entend mettre en lumière des dérives connues que tout le monde préfère passer sous silence.
How To Have Sex : vérité pas si cachée
Molly Manning Walker a surtout fait ses armes dans le court-métrage (ou même le clip vidéo avec ASAP Rocky), mais la voilà dans la cour des grands avec ce How To Have Sex qui a fait sensation sur la Croisette. Et les raisons sont simples : dès son introduction, le spectateur est littéralement le 4e pote de ce trio de vacancières. Dans un style qui n’est pas du pur naturalisme ni de l’esthétisme marqué, le film trouve le bon regard nous pour nous immerger au sein de ce trip estival.
Dès lors, le programme des festivités parlera immédiatement à tous ceux pour qui la fin de l’adolescence signifiait un semblant de liberté, mais aussi une période de doute via ce plongeon dans la vie adulte. Car l’avenir de Tara est aussi évoqué en filigrane, elle qui a raté son concours pour la rentrée. Une incertitude sur son avenir qui reste au 5e plan, comme si les paillettes et les verres de shot représentaient une bulle dans le temps, tel un cocon réconfortant.
How to Show the Male Gaze
Mais avec How To Have Sex, Molly Manning Walker dénonce des mœurs biaisées par son point de vue féminin, et plus précisément celui de Tara. Rapidement peu à l’aise face à l’hypersexualisation imposée par le milieu festif, cette dernière va devoir faire face aux diktats imposés sur la sexualité (les pressions ressenties par son entourage et ses amies) et des désirs imposés.
D’abord attirée par Badger le rigolo du groupe, Tara se verra « redirigée » vers Paddy, plus réservé au premier au abord, avec des conséquences plus terribles qu’on laisse à la découverte du spectateur. How To Have Sex lâche ainsi son vent de légèreté et son odeur de mojito pour un arrière-goût plus amer et désenchanté.
La limite du métrage sera sans doute que Molly Manning Walker ne s’attarde finalement que très peu sur les conséquences psychologiques de Tara après ces expériences émotionnelles et sexuelles plus cruelles. Mais quoi qu’il en soit, le métrage touche du doigt un topic qu’il est nécessaire de montrer et d’aborder, supporté par une Mia McKenna-Bruce faisant office de vraie révélation. C’est sensible, humain, authentique, et c’est seulement un premier long-métrage : chapeau !
How To Have Sex sortira au cinéma le 15 novembre 2023
avis
Molly Manning Walker amène un regard cruel mais authentique sur une jeunesse en perte de son innocence. Portée par une excellente Mia McKenna-Bruce, How To Have Sex offre un portrait désenchanté qui ne verse jamais dans le pathos, via un regard féminin hautement adéquat et nécessaire. Un bon premier film tout simplement !