L’autrichienne Jessica Hausner a un goût prononcé pour les thrillers psychologiques, elle continue ainsi sur sa lancée avec un film, Little Joe, qui va vous faire regretter le bouquet de fleurs que vous venez d’acheter.
L’action se situe dans une société qui fabrique de nouvelles fleurs en les modifiant génétiquement. Quand l’homme joue à dieu, on voit les problèmes arriver à des kilomètres… Cette fois, une scientifique a inventé une fleur dont le pollen apporte le bonheur à ceux qui le respirent. Miracle ! Le monde va devenir meilleur ! Non.
L’excellence à tous les niveaux.
On n’a pas la chance de connaître personnellement Jessica Hausner, mais d’après son film on peut dire qu’elle est sacrément perfectionniste. Elle et son équipe font un travail sidérant non seulement sur la couleur à travers le récit – on parle de fleurs, cela semble approprié – mais aussi à travers de longs travellings latéraux chirurgicaux qui installent le décor et développent un rythme unique, particulièrement lancinant et viscéral. Sans oublier l’utilisation de musiques dissonantes qui se marient parfaitement avec l’image. En soi, Little Joe joue habilement avec les codes de l’horreur et il nous entraîne vers un astucieux twist final.
Le business du bonheur.
En plus de réaliser un excellent film de genre, elle en fait un vecteur pour dénoncer certaines thématiques d’actualité. Tout d’abord, on pense bien évidemment aux OGM et à leurs effets potentiellement néfastes. Mais Jessica Hausner ne s’arrête pas là et pousse le spectateur à réfléchir à la question du bonheur et à ce qu’il représente de nos jours. C’est une quête qui a pris des proportions sidérantes en quelques années. Pourtant, l’être humain l’a corrompu. Le bonheur n’est plus que du business, un vaste marché avec des clients qui réclament et des entreprises qui font fi de la déontologie au profit de l’argent. Au final, elle montre qu’on peut emballer des sujets passionnants et philosophiques dans une enveloppe assez légère et divertissante. Un petit chef d’œuvre.