On attendait de pied ferme le retour à Cannes de Spike Lee. Après une adaptation catastrophique de Old Boy, on se demandait si le cinéaste réussirait à redonner du punch à sa carrière. BlacKkKlansman, un film sur un policier noir qui infiltre une cellule du Ku Klux Klan, sonnait comme le sujet idéal pour une résurrection.
Acerbe. En retournant dans le passé, Spike Lee profite de l’ironie dramatique des situations pour dénoncer l’Amérique actuelle. Ainsi, il fait de nombreuses allusions à Trump et à la « white power » qui monte en puissance ces derniers temps. Cette critique de la société américaine fait à la fois la force et la plus grande faiblesse de ce récit : des messages lourdement appuyés et des personnages (pour la majorité) manichéens.
Bancal. On retrouve avec plaisir l’humour du cinéaste composé de situations cocasses et de personnages hauts en couleur interprétés par d’excellents acteurs (entre autres : Adam Driver, John David Washington et Steve Buscemi). Néanmoins, on ne peut pas se défaire d’une sensation de « faux » avec une bande-son sympa, mais qui bizarrement ne colle pas aux images ; une mise en scène qui alterne des moments créatifs comme Spike Lee sait si bien le faire et d’autres d’une platitude troublante. Hélas, le jour de la résurrection n’est pas encore arrivé, même si on salue l’effort.