Believers est une comédie dramatique qui retrace le parcours d’un couple confronté à une douloureuse épreuve de vie.
Believers nous avait déjà séduits avec son affiche venue se faire une place dans notre top 10. Alors, nous avons eu envie d’en savoir plus… et nous avons bien fait ! En effet, après Zourou au-delà des mots qui nous a valu notre premier coup de cœur de cette édition du Festival OFF, ce sont nos premières larmes que cette pièce contemporaine est venue décrocher. Et ça, c’est un bien joli cadeau…
Un couple entre passé et présent
Donna et Chris ont 20 ans quand ils se retrouvent pour la première fois dans la chambre de leur université catholique. Lui est artiste et athée. Elle étudie la théologie. On les observe confronter leurs croyances, se chamailler, se séduire… Puis s’aimer, des rêves plein la tête et le cœur léger. Dans ces rôles, Aurélie Camus et Romain Poli forment un duo tendre et complice.
20 ans plus tard, c’est dans la chambre d’une maternité que nous retrouvons le couple, cette fois interprété par Anne-Laure Maudet et Denis Lefrançois. Ils sont devenus parents. Leur complicité est intacte, mais leur vie, elle, commence à se fissurer. Car la nouvelle famille qu’ils forment n’est pas comme les autres. Elle ne le sera jamais. « Attendre et voir », c’est ce que leur disent les médecins. Alors Donna prie, tant qu’elle a encore la force de croire…
Une bien jolie distribution
Les quatre comédien(ne)s sont justes, touchants et attachants. Aurélie Camus et Romain Poli sont pétillants et apportent au jeune couple cette légèreté et cette fraîcheur qui permettent de rendre la pièce digeste et de contraster efficacement avec la gravité venue s’emparer de leurs vies 20 ans plus tard.
Anne-Laure Maudet est étonnante dans le rôle de cette jeune maman qui oscille entre espoir et renoncement, et qui questionne de plus en plus sa foi. L’authenticité de son jeu nous a a émus aux larmes. En effet, c’est dans la profondeur de son âme que la comédienne semble aller puiser les questionnement et les émotions difficiles qui envahissent peu à peu son personnage. La jeune femme que nous avions découverte avec ravissement dans une très belle adaptation de l’œuvre Les enfants du Paradis confirme ici son talent.
Une mise en scène fluide et poétique
Ce qui nous a au moins autant charmés c’est la scénographie et la mise en scène astucieuses d’Aurélie Camus qui donnent du rythme et de la fluidité à l’histoire, tout en réduisant au maximum l’espace temporel et physique entre le couple d’hier et celui d’aujourd’hui. Jusqu’à les faire se confondre, parfois, lorsque leurs voix résonnent à l’unisson.
Et si c’est d’abord nous qui regardons les deux couples habiter à tour de rôle l’espace de cette chambre, le couple d’aujourd’hui pose peu à peu lui aussi un regard nostalgique sur son histoire. Le couple d’hier n’apparaît alors plus seulement comme un flashback destiné au public mais comme le souvenir d’une vie qui s’éloigne, une prise de conscience pour les deux amoureux en proie à leurs doutes et à leurs inquiétudes.
Une histoire dramatiquement belle
Malgré toute la légèreté que peut amener le jeune couple, Believers est davantage un drame qu’une comédie. On ne peut s’empêcher de sourire souvent, c’est vrai, de laisser échapper un rire même, parfois. Mais tout de même, c’est le cœur lourd que l’on s’extrait de cette histoire poignante au dénouement aussi terrible qu’inattendu.
Une fin qui soulève d’ailleurs des questionnements et invite à réfléchir, aussi bien sur la foi et sur nos croyances en général que sur la parentalité, l’amour ou encore le sens de nos existences ; sur ce qui est tolérable ou non, aussi ; sur les cadres à l’intérieur desquels on évolue jusqu’à ce qu’ils deviennent trop étroits ; sur ce qui peut nous abîmer au point de renoncer à ce qui nous était pourtant le plus cher…
Le seul petit reproche que l’on pourrait faire à cette fin c’est qu’elle se met en place un peu vite, un peu « facilement ». On aurait aimé davantage sentir la difficulté de ce choix, les déchirements intérieurs et extérieurs auxquels il confronte inévitablement le couple. Notamment chez ce père dont on perçoit difficilement les états d’âme et qui semble se contenter de « suivre le mouvement ».
Cela ne nous a pas empêchés d’adorer cette pièce vous l’aurez compris, et d’adorer partager cette tranche de vie à la fois belle et douloureuse avec ce couple si attachant et si proche de nous. Et qu’importe que l’on soit parent ou non, que l’on ait la foi ou pas : Believers est une pièce universelle qui touche au cœur, et que l’on n’oublie pas.
Believers, de Ken Jaworowski, avec Aurélie Camus, Denis Lefrançois, Anne-Laure Maudet, Romain Poli, mise en scène Aurélie Camus, se joue au Théâtre Le Grand Pavois, à Avignon, du 07 au 30 juillet à 12h (relâche le mardi).
[UPDATE 2023] Se joue du 7 au 29 juillet, à 12h50, au Théâtre Buffon au Festival d’Avignon.
Retrouvez tous nos articles consacrés au Festival Off d’Avignon ici.
Avis
On avance sur le fil de la vie aux côtés de ce couple, en équilibre instable entre passé et présent, entre drame et légèreté, entre croyance et renoncement. Chaque transition est amenée avec tellement de délicatesse et d'habileté que l'ensemble est rendu parfaitement harmonieux, et beau.
5 commentaires
Un instant suspendu… une histoire d’amour… un couple… la vie… leur vie… que ferait-on à leur place ? Une superbe pièce qui traite entre autre du handicap avec pudeur. Les personnages nous entraînent dans leur univers sur une mise en scène minimaliste et tellement originale… A voir absolument, laissez vous aller à la poésie dans ce monde qui en a tant besoin !!
Merci pour ce partage Stéphanie ! Tout est dit 🙂
Très bon Festival à vous !
Une mise en scène remarquable et des acteurs qui vous emmènent dans un voyage bouillonnant d’émotions… des rires, des larmes. Un spectacle qui prend aux tripes sans vous lâcher… même après être sorti
En effet Benoît, c’est une pièce après laquelle un petit temps de digestion est de mise 🙂
Merci pour votre partage !
Sobriété de mise en scène et mise en valeur du jeu magnifique des comédiens !
A ne pas manquer !!!