Swing Heil ! est une histoire de la jeunesse allemande bien décidée à se battre sur des airs de swing pour sauver sa liberté !
1938 à Hamburg. Richard et sa bande de copains se retrouvent tous les soirs au Heinz Café, à danser sur les rythmes de Benny Goodman, Duke Ellington ou encore Artie Show. Le swing : une passion devenue clandestine car proscrite par le IIIème Reich. Leur manière à eux d’échapper aux Jeunesses Hitlériennes et de continuer à vivre pour ce qui compte vraiment. De rester libres.
Leur « swing heil ! » est d’ailleurs un pied de nez à l’idéologie nazie et à son « sieg heil ! ». Mais tout bascule le jour où les Jeunesses Hitlériennes deviennent obligatoires, et où le seul choix possible est celui de mourir, ou de rejoindre le mouvement pour rester en vie.
Une histoire captivante
« It don’t mean a thing, if ain’t got that swing ! » Préparez-vous à fredonner cet air pendant un moment ! Et aussi, à avoir une furieuse envie d’écouter du swing en rentrant chez vous après ce spectacle qui nous laisse emplis d’une furieuse envie de vivre ! Car oui, même si la thématique est sombre, la pièce est incroyablement lumineuse ! Nous avions récemment découvert la pièce Jamais plus, qui se joue à Avignon et aborde également le nazisme sous l’angle des jeunesses hitlériennes. Mais Swing Heil ! apporte une dimension complètement nouvelle et passionnante qui lui donne un petit supplément d’âme. Car, en plus d’un texte fort et d’une interprétation enragée, la musique omniprésente permet de transmettre des messages forts en passant directement par le cœur. Le cœur qui, forcément, se serre parfois, entre deux sourires.
Un spectacle engagé
Jazz, swing, claquettes ! Si la musique occupe une place centrale dans cette histoire, la manière dont elle passe lentement au second plan au fur et à mesure du déroulement de l’histoire traduit avec intelligence le basculement des consciences, l’endoctrinement. Et en même temps que les discours fascistes et les désaccords au sein du groupe d’amis recouvrent peu à peu le son de la musique, on observe le décor changer sous nos yeux à mesure que les esprits deviennent poreux aux discours haineux du Reich.
Les affiches de propagande nazie et les croix gammées finissent par recouvrir les murs et l’espace, là où le swing et les instruments de musique régnaient jusqu’alors en maîtres. On est troublés, inquiets, on s’interroge, on réfléchit, et on comprend avec une évidence soudaine que rien de tout cela, ni la vulnérabilité ni la haine, n’appartiennent à une époque où à un peuple. Qu’elles peuvent se révéler partout, n’importe quand, parfois là où on ne les aurait jamais imaginées. Que la vigilance reste de mise.
Un rythme endiablé
Il n’y a aucun instant de répit dans cette pièce. Jimmy Daumas interprète à lui seul les différents personnages et réalise une performance admirable. Le comédien est habité par une énergie incroyable qui nous fait sentir sans cesse les pulsations de la vie qui gronde malgré les peurs et le danger. Une énergie qui a toutefois tendance à déborder et mériterait d’être un peu canalisée par moments. Car une légère tendance à hurler le texte aurait rapidement fini par nous perdre si son interprétation n’était pas aussi saisissante, et l’histoire aussi passionnante.
On ne s’ennuie pas. On se retrouve happé dans ce récit comme si nous y étions, et ces rythmes enivrants de swing nous agitent le corps en même temps que le cœur tout au long du spectacle.
Swing Heil !, de Frédéric Andrau, avec Jimmy Daumas, mis en scène par Romuald Borys, se joue au théâtre Présence Pasteur, à Avignon, du 05 au 28 juillet à 21h.
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