Buridane est une jeune chanteuse française au charme planant, qui décortique l’existence avec poésie, pudeur et subtilité.
Après Govrache, qui nous a embarqué dans sa poésie existentielle, Buridane est le deuxième talent musical que nous avons eu le bonheur de découvrir pendant ce Off 2019. Là encore, un condensé d’émotion et de délicatesse où rien n’est vraiment sombre, mais où la joie se fait très discrète. La jeune femme arrive sur scène comme un enchantement. Et puis, de sa plume à la fois délicate et profonde, elle nous décroche des bouts de ciel.
Une présence solaire
Buridane, c’est une fleur que l’on n’ose pas cueillir, un silence que l’on n’ose pas troubler, une émotion si délicate qu’on la chuchote à peine ; c’est une présence pudique mais néanmoins affirmée ; une voix à la douceur puissante ; une plume sensible et franche. Elle a la poésie dans la peau et le goût du subtil. Elle nous raconte des histoires, nous peint des décors, nous murmure des états d’âme dans lesquels gît toujours la lumière, l’espoir, le renouveau. En réalité, avec une voix si envoûtante et une telle grâce dans la manière de manipuler les mots, l’artiste pourrait presque nous raconter n’importe quoi ! Mais ce n’est évidemment pas ce qu’elle fait. Et les basses, les cuivres et la guitare qui accompagnent sa voix nous emmènent quelque part pas bien loin des nuages.
Une ambivalence assumée
De sa voix mutine et sa plume imagée, Buridane ne cherche pas à nous divertir. Elle, ce qu’elle veut, c’est que « tu regardes en toi-même (…), pour faire pousser à l’extérieur ce qui germe à l’intérieur de toi ». Ses textes sont teintés d’une douce mélancolie ; ils ne se lamentent jamais. Et à travers les fêlures qu’elle ne cherche pas à dissimuler, la lumière semble toujours se frayer un chemin. Elle nous le murmure d’ailleurs : « Je suis faite de crevasses et d’éclaircies tellement puissantes ». Entre voix chantée et voix parlée, entre slam et chanson, Buridane ne s’enferme dans rien. Même la musique et le tempo semblent échapper à une quelconque logique. Les rythmes nous frôlent, nous sèment, nous rattrapent de justesse. Il faut se laisser porter, sans chercher à s’agripper à rien.
Une plume qui garde parfois ses distances
La seule chose qui nous a un peu chagrinés, c’est une écriture parfois un peu trop subtile et inventive pour que le rythme d’une chanson nous permette de nous saisir du sens de certains textes. Nous sommes ainsi passés à côté de certains titres que nous avons par ailleurs trouvés très beaux (!), mais dont le sens – à l’oreille en tous cas – nous a échappé. Et à d’autres moments, les textes, étouffés par la musique, ne nous parvenaient que par bribes. Un peu frustrant, forcément. Car on devine très vite qu’avec Buridane, si on rate quelques mots, on passe à côté de quelque chose… Ses textes méritent d’être écoutés avec beaucoup d’attention. Et même d’être lus, pour que l’on puisse en apprécier pleinement la substance et toute la grâce.
Buridane : Barje endurance, avec July Collignon (chant, guitare), Cédric de La Chapelle (clavier), Olivier Granger (saxophone), Jean Joly (batterie), se joue au Théâtre L’arrache-Cœur, à Avignon, du 05 au 28 juillet 2019 à 15h. Puis en tournée à partir de novembre 2019.
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