Civilisation Édition Ultime vient compléter de 10 nouveaux titres le Civilisation d’OrelSan, déjà écoulé a plus de 500 000 ventes.
Civilisation Édition Ultime a pu pleinement profiter de la promotion de la deuxième partie de l’excellent documentaire Montre jamais ça à personne diffusé sur Amazon Prime Video pour voir le jour. Dévoilée ce 13 octobre, les 4 nouveaux épisodes laissaient à découvrir un exceptionnel making-of du quatrième opus d’OrelSan, en y entendant des titres non-retenus dans l’album original. Nombreux furent ainsi ceux, comme le rédacteur de ces lignes, à guetter à minuit la sortie sur les plateformes d’une réédition contenant ces nouveaux titres. Mais en écoutant, même subrepticement ce qui n’était alors que de simples ébauches, l’intérêt d’avoir accès à ce qui ne constituait que des tentatives était-il vraiment utile ? Une question complexe à laquelle cette réédition répond difficilement.
Civilisation perdue
Nous sommes le 27 octobre, il n’est pas encore 21h et la première partie du concert d’OrelSan au Zénith de Caen vient de se terminer. En remerciant le groupe ayant chauffé la salle, le groupe caennais 3pour100, le rappeur annonce à son public lancer l’écoute de Civilisation Édition Ultime, qui ne sera disponible sur les plateformes qu’à minuit. Le son est mal réglé, mais les premières impressions dans le public sont plus que mitigées. Si une première écoute n’est jamais une piste pertinente pour analyser un projet dans son entièreté, le sentiment d’avoir assisté au chaos créatif brillamment restitué dans Montre jamais ça à personne est ici toujours présent, sans avoir vraiment l’impression d’entendre des titres finis et complètement travaillés.
Et lorsque l’on se penche plus attentivement sur le projet, dans de bonnes conditions d’écoute et d’analyse, le constat s’avère malheureusement toujours aussi chancelant. Après une introduction réussie, cette réédition ne semble évertuée qu’à proposer de simples brouillons des superbes titres finalement retenus. Les aventures de MiniSan s’avère être une version de La Quête moins efficace, quand Ah la France, pire titre de cette proposition, semble à des années lumières de la qualité d’observation d’un pays fracturé de Manifeste. Là où Épilogue, la superbe réédition de La Fête est finie, semblait réellement compléter l’opus original en proposant de brillantes réponses aux titres déjà dévoilés en essayant d’autres genres, ce Civilisation Édition Ultime semble n’être que le brouillon de l’opus qui l’a précédé.
Civilisation quand même ?
Évidemment, le duo tant attendu entre OrelSan et Angèle, annoncé comme le plus gros tube de l’artiste, n’est ainsi qu’une énième déception tant cette rencontre semble manquée, le rappeur se contenant d’intervenir sur un titre et une production trop propre à la chanteuse belge. Les premiers retours de presse semblent ainsi assassins, comme cet article du Monde, décrivant cette édition ultime comme « gênante » et où « Orelsan semble se complaire à se saboter, à se peindre plus « beauf » qu’il ne l’est dans« , quand Franceinfo préfère n’y voir qu’une « private joke« . Pourtant, OrelSan, au vu de la qualité de sa carrière et du respect envers son public, aurait-il simplement pu se contenter de sortir une réédition opportuniste et inaboutie pour simplement gonfler les ventes d’un opus déjà certifié comme un immense succès ?
On trouve pourtant de réels jolis instants dans ce Civilisation Édition Ultime et le voir comme un album à part entière serait une belle erreur. Titré comme une bande démo où tous les titres comportent la mention CP_000_ juste avant, et annoncé d’une manière plutôt détachée, il serait plus judicieux de voir cet ajout comme celui d’un artiste qui perpétue sa mise à nu observée dans Montre jamais ça à personne. On peut ainsi ici assister à de vrais morceaux d’OrelSan, semblant très peu retouchés, ce qui fait ainsi sa qualité comme son défaut principal. C’est ainsi un pari risqué que de proposer une création presque brute de décoffrage, pour entrer plus encore dans les méandres d’un accouchement créatif aussi laborieux que douloureux. Cadeau pour les fans, remerciements à son équipe, ce Civilisation Édition Ultime fait ainsi couler beaucoup d’adjectifs péjoratifs pour finalement très peu de raisons valables.