Akira Kurosawa a toujours le don de surprendre le spectateur sans jamais renier son style et ses thématiques. Avec Dodes’kaden (1970), il réalise son premier film en couleur, mais également une de ses œuvres les plus atypiques… Ce qui s’est soldé par un échec retentissant à sa sortie au Japon et qui est l’une des raisons qui a poussé Kurosawa à tenter de mettre fin à ses jours !
Le peintre derrière le cinéaste. Dans sa jeunesse, Kurosawa a été peintre et a toujours nourri par la suite un intérêt particulier pour cet art. Dodes’kaden est pour lui l’occasion d’amener sa palette de couleurs dans ses compositions sophistiquées de cinéma. Comme on pouvait s’y attendre, le résultat est de toute beauté et rares sont les films à révéler une telle richesse dans l’utilisation de la couleur.
Dans un Japon chaotique. Sous la forme d’un récit choral – avec de multiples personnages – le film met en scène de pauvres types qui vivent dans la misère la plus profonde et qui n’ont souvent que leur imagination ou l’alcool pour échapper à leur quotidien. Le ton est âpre, dur et mélancolique – on n’est pas étonné par l’échec commercial – néanmoins, c’est du très beau et grand cinéma.