Soie est un seule en scène poétique qui parle d’amours impossibles, de sensualité, d’obsession et de bonheur insaisissable.
Soie est une adaptation infiniment poétique du roman d’Alessandro Baricco qui nous emmène en voyage, à la rencontre d’un amour insaisissable, à peine réel même, à l’autre bout du monde. Un spectacle qui saura ravir celles et ceux que la musique des mots suffit à enchanter.
Voyage sur la route de la Soie
C’est la 3ème année consécutive que Soie revient au Festival d’Avignon. Il était temps que nous le découvrions nous direz-vous ! Mais mieux vaut tard que jamais. Un créneau disponible, ce spectacle dont nous avions entendu parler qui nous trottait en tête, le théâtre des Corps-Saints à côté duquel nous nous trouvions précisément : il était forcément l’heure de la rencontre.

Nous voilà donc confortablement installés, prêts à partir en voyage… Un voyage à travers le monde et à travers les cœurs. L’histoire nous emmène en 1860. Elle est celle d’Hervé Joncour qui, alors âgé d’une trentaine d’année, se lance dans l’achat et la vente de vers à soi. Une activité qui entraîne l’aventurier dans l’âme qu’il est jusqu’au Japon, où se trouve la plus belle soie du monde, « des étoffes de soie plus légères que rien ». Un pays lointain et alors dangereux, dans lequel il croise la route d’une belle inconnue dont il ne connaît que le velours de la voix… et dont il va tomber follement amoureux. Une rencontre qui va bouleverser sa vie…
Un moment de théâtre envoûtant
Soie est de ces moments qui créent une faille dans l’espace-temps. C’est un récit, une aventure dans tous les sens du terme. Mais c’est surtout une ambiance, une sensation, une interprétation. Celle de Sylvie Dorliat, dont la présence, la sensibilité et le talent de conteuse ne sont pas sans nous faire penser à Marie-Hélène Goudet dans Son odeur après la pluie, ou encore à Marie Moriette dans Emma Picard, deux autres superbes spectacles de notre sélection à découvrir dans ce Festival d’Avignon.

La comédienne nous captive, nous ensorcelle presque. Elle est à la hauteur, à l’image du superbe texte d’Alessandro Baricco dont les mots peignent les décors et les atmosphères de façon merveilleusement poétique et élégante. Soyeuse serait même un adjectif assez adapté finalement ! Car il y a de la texture dans ce texte, une douceur qui nous caresse la peau. Pas seulement dans le texte d’ailleurs, mais aussi dans la très belle mise en scène de William Mesguich, puissamment évocatrice, et qui dévoile quelques trouvailles d’une grande poésie.
Soie : de la poésie à l’état pur
Sur scène, un grand globe terrestre et quelques robes en soie, pendues, viennent subtilement accompagner le récit de ces 4 voyages vers le Japon, avec un effet de répétition qui nous a fait sourire. Les lumières, qui se plaisent à jouer avec les ombres, dessinent joliment les ambiances si particulières de certains moments de la journée et créent, dès les premiers instants, une atmosphère intimiste et envoûtante.

Nous sommes partis, ça c’est certain. Nous avons voyagé pendant 1h15. Mais pour que cela fonctionne, bien sûr, il faut avoir le goût des textes, des contes, des interprétations sensibles. Il faut être poreux à la poésie, aux silences, aux évocations. Il faut aimer se perdre entre le fantasme et la réalité, se laisser envelopper par une sensualité, parfois même un érotisme que sa subtilité rend plus puissant encore. Et alors, alors seulement, nous pouvons saisir toute la beauté de ce moment.
Soie, de Alessandro Baricco, mise en scène William Mesguich, avec Sylvie Dorliat se joue du 5 au 26 juillet 2025 au Théâtre des Corps Saints.

Avis
Que de poésie, de charme, de mystère et d'exotisme dans ce récit qui prend vie au fil des mots. On ne voit pas le temps passer et l'on quitte la pièce avec tant d'images qu'il nous semblerait presque avoir regardé un film...