The Chilling Adventures of Sabrina est la nouvelle série Netflix centrée sur le personnage de Sabrina Spellman. Un show bien plus horrifique (la bande-annonce) que Sabrina, l’apprentie sorcière… qui nous manque (si si).
Le filtre nostalgique est enclenché lorsque l’on regarde ce show des années 90’ qui a quand même réussi à tenir 7 saisons (1996-2003). Nous n’avons que faire du format 4/3, des vêtements démodés, des effets spéciaux et décors parfois minables, c’est au contraire avec plaisir que nous entendons Libby utiliser un vocabulaire désuet (ce mot l’est également) pour insulter la petite bande de « ringards », de « triple cloches » ou « encore de super fêlés ». S’il est loin d’être parfait, ce divertissement fait partie intégrante de notre enfance pour les plus jeunes et de notre adolescence pour les plus vieux. Attention l’article qui va suivre contient des spoilers et est exempt de (presque) toute objectivité.
Loin d’être idéale
Avant d’en faire son éloge, il faut tout de même pointer du doigt les défauts de la série. Si on la regarde aujourd’hui avec nos yeux de contemporains adultes, il va sans dire que Sabrina, l’apprentie sorcière n’est pas une fiction parfaite. L’idée d’un progressisme est, par exemple, globalement absente, puisque la majorité des personnages sont blancs, aisés, et leur sexualité clairement hétérocentrée. Certes la différence est malgré tout envisagée à travers les diverses créatures qui peuvent peupler le royaume magique, mais on est très (très) loin des engagements que peut prôner la série Buffy contre les vampires pourtant diffusée quasiment à la même époque. Si certains fans avaient eu un petit espoir en pensant que le monde magique secret et le placard pour y accéder représentaient le fait d’être homosexuel.le dans les années 1990, Melissa Joan Hart (qui nous suit sur Twitter, on a la classe ou on ne l’a pas), l’actrice principale, n’y croit pas comme elle l’a fait savoir dans le Huffington Post : « Dans ce cas, c’est vrai aussi pour l’allégorie d’être Républicain à Hollywood. […] Je pense que c’est un peu tiré par les cheveux. C’était certainement plus une question d’argent, les producteurs ne voulaient pas développer un monde magique trop coûteux. »
Ok, nous étions dans les années 90 sur une grande chaîne appartenant à Disney, il ne fallait pas s’attendre à une fiction très engagée sur les minorités, mais ils auraient au moins pu faire un effort de cohérence de scénario. De très nombreux personnages disparaissent comme par magie, sans aucune explication (Jenny et M. Pool à la fin de la saison 1, l’Examinateur à la fin de la saison 2, M. Kraft, Brad et Dreama à la fin de la saison 4) ou avec des prétextes discutables vu leur importance dans l’intrigue (Valery et Libby à la fin de la saison 3, Josh, Zelda et Hilda à la fin de la saison 6, même si cette dernière reviendra en tant qu’invitée dans la saison 7).
Mais d’une simplicité touchante
En revisionnant ce sitcom nous nous échappons de notre vie d’adulte pour retomber dans un monde où tout semble si simple. Même si ce divertissement aborde des sujets importants tels que la famille, l’amitié, l’amour et le passage à l’âge adulte, il reste une feel-good série où quasiment chaque épisode fini par un happy end. Pas besoin de sortir les mouchoirs, la force de cette teen-série est justement, comme son non l’indique, d’être destinée à des adolescents. Cette fiction reprend en effet de nombreux codes du genre : une nouvelle fille dans un lycée rencontre un sportif mignon et romantique qui deviendra son petit ami et âme sœur, tandis que la fille populaire et détestable du lycée (Libby) tente de lui piquer. Heureusement qu’elle peut compter sur sa famille et ses amies.
Bon ok, ça c’est surtout vrai au début, après l’histoire se complexifie (légèrement) puisque Sabrina commence sa vie de jeune adulte et se met à fréquenter d’autres garçons. Mais ce qu’il faut retenir c’est que ça finit bien et – comme attendu – elle finit avec son premier amour Harvey. N’en déplaise à celles et ceux qui auraient peut-être voulu que la vie de l’héroïne principale ne soit pas un conte de fées. Nous ça nous donne du baume au cœur et si ça n’avait pas été le cas – non seulement on aurait dû sortir les mouchoirs, mais – on ne serait pas en train d’écrire un article sur cette série géniale.
On veut être Sabrina
De plus, si l’histoire peut paraître simpliste, le personnage de Sabrina véhicule un message fort : il faut s’accepter, peu importe ce que les autres pensent et attendent de nous. L’avant-dernier épisode de la saison 4 où la jeune sorcière doit choisir son orientation après le lycée est assez révélateur. Josh, Harvey, Zelda et Hilda attendent tous des choses différentes d’elle. Cette dernière se plie littéralement en quatre avant de s’apercevoir qu’il faut qu’elle fasse un choix qui lui est propre. Chaque épisode est porteur d’une leçon pour l’adolescente qui apprend à avoir confiance en elle et peut ainsi évoluer un peu plus sereinement vers sa vie d’adulte.
Sabrina représente finalement un idéal que tout le monde cherche à atteindre. Summum du cool, elle vit dans maison victorienne avec deux tantes hyper géniales, un chat qui parle, et peut utiliser la magie pour presque tout et n’importe quoi ! Différente du simple mortel, elle peut changer sa garde-robe grâce à un simple geste du doigt, arrêter le temps, rendre les gens invisibles, se créer un petit-ami idéal avec de la « pâte à homme », voler sur un aspirateur, faire du ski sur Mars, faire apparaître des célébrités, se venger de Libby à distance, et plein d’autres choses qu’on aimerait pouvoir faire.
Dans un monde magique
Si le sitcom s’appelle Sabrina, l’apprentie sorcière, il est surtout centré sur l’évolution de cette dernière plutôt que sur la magie en elle-même. Celle-ci sert plutôt d’accessoire aux intrigues plus classiques d’ados, mais reste malgré tout un élément essentiel de l’esprit comique de la série. La magie est responsable de l’univers loufoque dans lequel évoluent les Spellman et donne lieu à de nombreuses situations cocasses. Une fête d’Halloween se révèle être une grande réussite malgré la cohabitation de mortels, d’une fontaine de caramels mous, d’un chat et de meubles qui parlent (S02E07). Un épisode peut se transformer en drama exagéré à l’américaine (style Les Feux de l’amour) parce que Sabrina trouve son quotidien ennuyant et ouvre une boite de vers de terre magiques pour pimenter sa vie (S01E21). Josh et Harvey peuvent subir des épreuves mortellement dangereuses pour aider la jeune sorcière à faire un choix entre eux deux (S04E22). Ces scènes sont tellement absurdes qu’elles en deviennent drôles. La réaction parfois inattendue des humains lambdas vient parfaire cet humour.
Mais la puissance comique repose également sur d’autres personnages, qui eux sont bien conscients du monde magique : le duo Zelda/Hilda et Salem. Les deux tantes forment un couple détonnant qui fonctionne parfaitement et dans lequel l’extravagance de l’une complète le sérieux de l’autre. Sans cesse en train de raconter des anecdotes de leur passé datant de plusieurs centaines d’années, elles ne ratent pas une occasion pour être en désaccord, réussissant à coup sûr à nous faire sourire. Mais le personnage le plus drôle reste certainement Salem Saberhagen, un dictateur raté, contraint de rester dans la peau d’un chat pour 100 ans. Un brin manipulateur et désagréable, il contrarie souvent les personnages principaux, ce qui reste une source d’amusement pour les spectateurs. Après toutes ces années, on reste attaché à lui comme à notre propre animal de compagnie.
Il ne faut pas chercher l’humour au cinquième degré, tout ça reste très gentillet (même si certaines phrases comportent un double sens). C’est exactement le type de divertissement qu’il faut pour se détendre sans se prendre trop la tête. A l’approche des fêtes de Noël, on se voit très bien regarder l’intégralité de la série avec un plaid et un chocolat chaud.