Ce cinquième épisode de la saison 1 d’Alien Earth nous ramène à la genèse de la série en nous catapultant au cœur du vaisseau spatial chargé d’accomplir la mission Maginot.
Alien Earth nous a habitués à une narration ambitieuse et ce n’est pas ce 5e chapitre intitulé Dans l’espace, personne… qui fera mentir cette réputation. Si Observation, l’épisode précédent décalait son focus de l’héroïne Wendy au reste des Lost Boys, l’intrigue dévoilée en ce 3 septembre, toujours sur Disney +, nous emmène dans le passé, à une époque où les Synths n’étaient encore qu’un projet. Un saut dans le temps qui permet (enfin) de comprendre les intentions du Capitaine Morrow, alors « simple » chef de la sécurité du vaisseau, et de découvrir les événements qui ont conduit au massacre de l’équipage.
Un retour aux origines d’Alien Earth
L’Humain pêche-t-il par un excès de confiance ? En suivant Alien Earth et ses différents personnages, on est en droit de se poser la question. À commencer de manière évidente par Boy Kavalier (Samuel Blenkin), le jeune patron précoce à la tête de Prodigy, l’une des 5 entreprises ayant pris possession des colonies composant la Terre et certaines planètes du système solaire. Un questionnement amorcé dès Métamorphose, le chapitre 3, qui a trouvé une continuité dans Observation alors que les Lost Boys – une conscience d’humain dans un corps synthétique – émergent comme une menace bien réelle. Aveuglé par le saut scientifique de géant que constituent les Synths, Kavalier ne s’est pas posé une seule seconde sur les éventuelles ramifications psychologiques ou physiques de cette avancée.

Et Dans l’espace, personne… certains membres de l’équipage ne font pas bien mieux. Chibuzo (Karen Aldridge), une chercheuse chargée d’observer et de comprendre le comportement des créatures par exemple. Obnubilée par ce qu’elle voit, elle en oublie les consignes de sécurité les plus basiques et laisse s’échapper des sortes de tiques/mantes religieuses dont les progénitures vont s’accrocher aux entrailles de Malachite (Jamie Bisping), l’apprenti de Shmuel (Michael Smiley) le mécanicien du vaisseau, et le laisser exsangue. Ou encore Morrow (Babou Ceesay) qui ne remet jamais en question les informations transmises par Mère, l’IA contrôlant l’appareil, et va ignorer les signes qui pointent vers la personne qui sabote le véhicule spatial.
Dans l’espace, personne… ne devrait se fier aux apparences
C’est là, le grand twist de ce chapitre : ce ne sont pas les créatures qui sont responsables de la destruction de l’appareil mais bel et bien un humain, Petrovitch, œuvrant pour le compte de… Kavalier, qui est l’instigateur de la catastrophe. Dès lors, on comprend mieux l’entêtement de Morrow à vouloir infiltrer Prodigy afin de récupérer les spécimens. Et surtout ses réelles intentions, bien plus louables qu’elles ne sont apparues depuis le début de la série Disney+, a fortiori quand on le voit donner Zaverni (Richa Moorjani, Mes Premières fois) en pâture au xénomorphe. Quant à Kavalier, il émerge comme le grand méchant de la fiction extraterrestre.
Quid de ses motivations pour dérober ces créatures à Yutani ? Son propos est-il seulement scientifique ou est-il en train de créer une armée indestructible afin de prendre le contrôle du reste des colonies à ses concurrents ? Son peu d’empathie aurait tendance à faire pencher la balance vers la seconde option. Et se pourrait-il que Morrow l’ait compris et qu’il veuille prévenir cette guerre en récupérant coûte que coûte les spécimens ?

Dans l’espace, personne… rebat toutes les cartes distribuées depuis le double épisode d’introduction d’Alien Earth en insufflant une perspective toute nouvelle aux téléspectateurs. Ce qui se présentait comme une respiration narrative – avec l’absence des personnages principaux et réguliers – se révèle finalement comme un chapitre fondamental dans la compréhension de la mythologie. Un huis clos aussi étouffant que prenant qui trouvera sans nul doute une résonance de taille dans les trois derniers épisodes de cette première saison. D’ailleurs cet entêtement à vouloir expérimenter à n’importe quel coût semble être la colonne vertébrale (et narrative) de l’épisode 6, intitule The Fly (La Mouche) dont voici la bande-annonce.
Article écrit par Marina Leggiero