Alors que la série d’Amazon, Hunters, cartonne actuellement avec entre autres Al Pacino et Josh Radnor devant la caméra, le mémorial de Auschwitz attaque le show pour inexactitude.
Pourtant, focalisée en 1977, les chasseurs de Nazi menés par Al Pacino se remémorent le terrible génocide des juifs dans les camps de la mort via de nombreux flashbacks. Prêchant un devoir de mémoire et la transmission de l’Histoire, le show sort pourtant des clous avec une scène particulière où les SS auraient créés un jeu d’échecs humain. Un fait rapporté comme fictif, et déplacé, par le mémorial de Auschwitz.
« Auschwitz a été rempli d’horribles souffrances documentées dans les récits des survivants. Inventer un faux jeu d’échecs humain pour Hunters n’est pas seulement une folie et une caricature dangereuses. Cela permettra de nourrir les futurs négationnistes. Nous honorons les victimes en préservant l’exactitude des faits ». Avant de conclure dans un dernier tweet que le show d’Amazon aurait dû « inventer un camp n’ayant pas existé. Si vous utilisez cependant un lieu réel, respectez son histoire et la souffrance de ses victimes ».
Auschwitz was full of horrible pain & suffering documented in the accounts of survivors. Inventing a fake game of human chess for @huntersonprime is not only dangerous foolishness & caricature. It also welcomes future deniers. We honor the victims by preserving factual accuracy. pic.twitter.com/UM2KYmA4cw
— Auschwitz Memorial (@AuschwitzMuseum) February 23, 2020
Des propos immédiatement corroborés par David Weil, le créateur de Hunters, qui se défend d’avoir transgressé la vérité pour servir une histoire qui lui est pourtant fortement personnelle. « Je suis éternellement reconnaissant au Mémorial d’Auschwitz pour tout le travail important et vital qu’ils font, pour garder en vie la mémoire des victimes et des survivants comme ma grand-mère, Sara Weil. Je pense que nous sommes très largement du même côté et que nous travaillons vers les mêmes objectifs ».
Puis il explique dans un long message son travail scénaristique. « Il y a des années, je me suis rendu à Auschwitz et j’ai vu les portes que ma grand-mère avait dû franchir des décennies plus tôt et la caserne dans laquelle elle avait été forcée de vivre en tant que prisonnière. J’ai vu des vestiges du monde cauchemardesque auquel elle avait survécu. Ce fut une expérience qui a changé à jamais le cours de ma vie. J’ai cherché à faire ma part du devoir de mémoire – aussi grande ou petite soit-elle – pour assurer la promesse de «Plus jamais revivre ça». Je crois toujours avoir une responsabilité en tant que petit-fils de survivants de l’Holocauste, celle de garder leurs histoires vivantes. Pour parler spécifiquement de la scène du « jeu d’échecs », c’est un événement fictif. Pourquoi ai-je senti que cette scène était importante pour le scénario ? Pour contrer plus puissamment le récit révisionniste qui blanchit la perpétration nazie, en présentant le sadisme et la violence les plus extrêmes – et les plus véridiques sur le plan de la représentation – que les nazis ont perpétrés contre les Juifs et d’autres victimes. Et pourquoi ai-je ressenti le besoin de créer un événement fictif alors qu’il y avait tant de vraies horreurs qui existaient ? Après tout, il est vrai que les nazis ont commis des actes de sadisme et de torture généralisés extrêmes – et même des «jeux» cruels – contre leurs victimes. Je ne voulais tout simplement pas dépeindre ces véritables actes de traumatisme. »