Le Monde de Narnia : destin des jeunes rois maudits
C’était quoi déjà ? Le Monde de Narnia, c’était la réponse de Disney au Seigneur des Anneaux de New Line et à Harry Potter. Classique de la littérature fantastique anglo-saxonne, Narnia de C.S. Lewis (un ami de J.R.R Tolkien) comprend sept romans publiés en 1950 et 1956. Disney et Walden Media adapteraient le tome 2 et 4 (Le Lion, la Sorcière et l’Armoire Magique, Le Prince Caspian) centrée sur la destinée des frères et sœurs Pevensie et sur la découverte du monde de Narnia. Réalisé par Andrew Adamson (Shrek 1 et 2, notez l’ironie), le diptyque est sorti respectivement en hiver 2005 et en été 2008.
Attentes et potentiel d’une adaptation : les orphelins Pevensie, un manoir, une armoire renfermant un monde fantastique peuplé de royaumes, de créatures magiques et de sorcière. Une ode à l’imagination et la promesse d’une grande aventure épique. Doté de toutes ses cartes en main, Disney peaufina sa campagne de promotion pour son conte de Noël 2005. Le positionnement oscillait entre Le Seigneur des Anneaux, Harry Potter et L’Histoire sans fin avec un parfum de mystère derrière ce projet. Les histoires d’orphelins on y avait déjà goûté, mais les paysages enneigés de Narnia, son lion Aslan rugissant et la charismatique Tilda Swinton en sorcière blanche donnaient sacrément envie et on ne s’était pas encore remis de la fin du Seigneur des Anneaux. Pour l’anecdote, Disney avait même sorti une bande-annonce de 9 minutes qui, bien qu’alléchante, dévoilait toute l’intrigue.
Quel résultat ? Les romans Harry Potter sont un succès mondial, alors que Le Monde Narnia était confiné aux frontières anglo-saxonnes. Il fallait acquérir un nouveau public. Cependant, si Le Lion, la Sorcière et l’Armoire Magique n’est pas un mauvais film, il était bien trop axé jeune public. Une intrigue prévisible, des personnages sans reliefs, beaucoup de scènes ou de répliques mièvres, un symbolisme envahissant, une bataille finale sans hémoglobines (quand on sort à la même période qu’Harry Potter et la Coupe de Feu, ça la fout mal) et un « happy end » gentillet. Le Lion, la Sorcière et l’Armoire Magique fut un carton au Box-Office à grâce l’effet nouveauté et à la campagne marketing efficace de Disney.
Le Prince Caspian, c’est une toute autre rengaine. Suite tardive, ce blockbuster estival plutôt noble n’a pas trouvé son public en 2008. Trop sombre, trop adulte…mais pas suffisamment pour nous faire oublier les frissons et la profondeur d’un Gollum ou la noirceur de l’Ordre du Phénix sorti en 2007. Problème de positionnement + budget conséquent + résultat box-office décevant, le studio aux grandes oreilles jettent l’éponge pour le troisième opus. La Fox répond à l’appel de Walden Media pour L’Odyssée du Passeur d’Aurore, les Pevensie verraient toutefois leur subvention baisser de moitié.
Avec Le Monde de Narnia, Disney et Walden Media, à l’image de la Sorcière Blanche, nous ont servi bol de loukoums. Parfumés, inoffensifs, étranges aussi…et pas très addictifs. On en goûte une moitié et on laisse l’autre reposer sur le bord de la soucoupe, par désintérêt.