Liam Neeson s’est cantonné à un seul et même genre au détour de ces 15 dernières années : le film d’action. On vous a donc classé ses faits d’armes, du pire au meilleur.
Liam Neeson et le film d’action, c’est une sacrée histoire d’amour qui dure maintenant depuis plus de 15 ans. Le succès surprise de Taken aura ainsi eu peu à peu raison de toute la superbe filmographie de l’acteur, aujourd’hui engloutie dans les DTV bas de gamme avec la sortie récente de Memory. Si l’on encourageait récemment l’acteur à rendre les armes, on revient ici sur ce que Liam Neeson a pu offrir de meilleur au genre, avant de définitivement sombrer dans le navet bas de gamme, en commençant par ces malheureux exemples.
16. Ice Road
Et c’est la catastrophe. Ice Road est un DTV mal fichu, risible et doté d’un scénario débile, où les effets spéciaux bas de gamme soulignent le manque d’intérêt total du projet de la part de toute son équipe. Liam Neeson n’est pas le seul à être éteint, étant ici confronté à un Laurence Fishburne venu chercher son chèque le temps de quelques scènes. Ice Road marque ainsi brillamment la descente aux enfers artistiques de Liam Neeson, rejoignant ainsi un certain Bruce Willis dans sa volonté d’autodestruction artistique offerte en pâture, et à pas cher, dans des navets sans le sou.
15. The Good Criminal
Le succès de Taken est loin, et ce dernier a ainsi l’air d’être un chef d’œuvre au regard de ce pâle ersatz désincarné qui n’a même pas les moyens de sa bêtise. Porté par des acteurs aux abonnés absents et des dialogues caricaturaux, The Good Criminal devrait marquer une fois de trop la fin de carrière de Liam Neeson en vengeur bourrin. Dans une sieste aussi longue qu’embarrassante.
14. Taken 3
Taken était une démonstration, quelque peu vaine mais dénuée d’artifices d’un revenge-movie brutal et expéditif dans lequel Liam Neeson s’avérait tout à fait convaincant. Taken 2 bénéficiait de la réalisation migraineuse d’Olivier Mégaton pour un délire grotesque qui révélait déjà la débilité totale, en plus de l’inutilité du projet. Taken 3 enfonce donc le clou, dans un gloubi-boulga encore plus indigeste mais malheureusement moins drôle que son prédécesseur. Olivier Mégaton augmente le curseur en terme de mise en scène indigeste, et le scénario se met à la même hauteur, résultat : un gros cafouillage inutile et bruyant, et pourtant, un énorme succès au box-office.
13. Memory
Après avoir (vraiment) touché le fond avec Blacklight et le navet gelé Ice Road, Memory laissait augurer d’un (minime) regain d’intérêt. Martin Campbell (GoldenEye, Casino Royale) à la réalisation, Monica Bellucci et Guy Pearce au casting n’y changent cependant rien. Même si l’on peut observer avec Memory un atone chant du cygne pour Liam Neeson dans les films d’action, l’acteur y paraissant étonnamment en retrait, amoindri et souffrant de la maladie d’Alzheimer, le film de Martin Campbell s’avère aussi mou et ennuyeux que les dernières incursions de l’acteur dans le genre. De ce remake d’un polar belge, Memory n’est rien d’autre qu’une énième démonstration d’un acteur à bout de souffle dans un genre qu’il a désormais exploré sous toutes les coutures, jusqu’à la navrante limite.
12. Blacklight
Et peu de suspense pour ce Blacklight : oui, le film est un peu mieux que The Good Criminal du même Mark Williams, mais en possède la même léthargie et le même effarant manque de moyens rendant ce scénario attendu ultra risible. Liam Neeson y paraît une fois de plus fatigué, semblant éviter les trop lourdes confrontations physiques et s’échignant à jouer les papys-gâteaux revanchards avec la motivation d’une tortue sous Lexomil. Dernier projet d’action de l’acteur en date à l’heure où l’on vous écrit ces lignes, l’heure de rendre les armes semble plus que jamais nécessaire.
11. Taken 2
Olivier Mégaton débarque à la mise en scène, accompagné de la photographie hyper saturée de Romain Lecourbas. Taken passe ainsi de l’honnête et expéditive série b à une grosse blague turbo-débile, où pour retrouver son père qui, cette fois-ci, joue le rôle de la proie, sa fille jettera des grenades dans toute une ville. Taken 2 est lourd, bruyant et fortement indigeste, mais garde grâce à la bêtise crasse de son scénario quelque chose d’un gros plaisir décérébré. À consommer avec modération, sous risque de forte migraine.
10. The Passenger
Night Run a moins bien marché au box-office que Sans identité et surtout Non-Stop. Jaume Collet-Serra décide donc de s’éloigner de la qualité de sa dernière livraison pour singer Non-Stop, mais dans un train. Retirez-y la tension, ajoutez un scénario que vous avez déjà vu, mais dans un avion, et collez-y en plus les noms du duo de Conjuring, Patrick Wilson, Vera Farmiga et celui de Sam Neil et vous obtiendrez The Passenger. Quatrième collaboration entre Jaume-Collet Serra et Liam Neeson, celle de trop, et la fin d’une formule qui n’a hélas plus rien de neuf à proposer.
9. Le Vétéran
Ce Vétéran fait de sa filiation avec Clint Eastwood son principal intérêt (on l’aperçoit même à la télévision). Surprenant n’est ainsi pas vraiment l’adjectif qui collera le mieux à cet énième (et fade) road-movie traitant de l’amitié naissante entre un vieil américain bourru et un jeune orphelin mexicain. Pourtant, les amateurs de Liam Neeson en casseurs de dents seront déçus, car il y a au final très peu de scènes d’action dans ce film de Robert Lorenz, qui, doté d’une direction artistique convenable, se contente de filmer Neeson comme le dernier étendard d’une Amérique révolue. Si le film aurait gagné à être une sorte de champ du cygne pour l’acteur dans ce genre, il n’en est malheureusement rien qu’un fade téléfilm remplissant honnêtement mais sans aucun artifice son contrat.
8. Sans identité
Jaume Collet-Serra succède à Joe Carnahan pour une collaboration plus que fructueuse de quatre longs-métrages avec Liam Neeson. Sans identité, premier d’entre eux, malgré la maîtrise technique imparable du metteur en scène espagnol remarqué pour son très réussi La Maison de Cire, ne paraît ici que comme un pâle exécutant. Sans identité n’est ainsi qu’un fade thriller d’action au scénario rocambolesque, qui ne laissera, comme son nom l’indique, aucun souvenir même peu de temps après le visionnage.
7. Sang froid
Hans Petter Moland passe son génial Refroidis à la sauce américaine. L’ironie mordante et le rythme lancinant propice au décalage laissent ainsi place à une froide roublardise. Sang froid est ainsi parfois complètement désincarné, là où l’humour norvégien ne parvient toutefois pas à résister. Parce que rien ne se passe sur le visage de Liam Neeson, campant ici un père vengeur et taiseux. Si la maîtrise demeure, ainsi que quelques notes d’humour, le comique pince sans-rire laisse rapidement place à l’ennui dans ce Sang froid qui laisse effectivement de glace.
6. Non-Stop
Deuxième collaboration entre Liam Neeson et Jaume-Collet Serra, et deuxième déception. Après le fade et bien nommé Sans identité, le synopsis de Non-stop pouvait laisser espérer au mieux, d’une belle tension que sait d’ailleurs instiller le film dans son premier tiers. Avant un final interminable et ridicule, faisant une fois de plus du film un thriller bas de gamme très générique.
5. L’Agence Tous Risques
Joe Carnahan, en artisan aguerri du cinéma d’action dopé à la surenchère, dynamite l’Agence tous Risques dans un blockbuster explosif aux scènes d’actions jouissives. Contenant quelques réels instants de bravoures (le tank qui vole), le tout mené par des acteurs charismatiques, Liam Neeson en tête. Malheureusement, le scénario ultra-attendu et très fade troque le plaisir régressif pour un actionner sympathique mais néanmoins très oubliable.
4. Night Run
Pour leur troisième collaboration, Jaume Collet-Serra et Liam Neeson semblent enfin disposés à mettre la barre (un peu) plus haut. Thriller nocturne se déroulant dans une seule et même nuit, Night Run ajoute à l’opération une distribution plus que solide avec Ed Harris, Joel Kinnaman et Vincent D’Onofrio. Ainsi, Liam Neeson y creuse sa prestation vue dans ses précédentes œuvres : alcoolique, la clope au bec, l’acteur y est un déclassé vulgaire et moqué de tous. La tension, l’ambiance et le casting sont au rendez-vous, jusqu’à un final prenant en forêt. Malheureusement, et une fois de plus, le scénario tente lourdement d’y instiller une relation filiale ralentissant cette prometteuse équation, mettant un peu fin au plaisir et remettant Night Run tout droit vers sa destinée de film d’action générique. Le plaisir n’aura duré qu’un temps.
3. Taken
Taken paraît aujourd’hui comme un point de non-retour pour Liam Neeson. Grisé par un succès qu’il n’attendait pas, on doit au film de Pierre Morel les incartades dans le cinéma d’action de ce grand acteur, qui s’est jusqu’à la déraison cantonné à un seul et même genre ces dernières années. Et Taken, venant du réalisateur de Banlieue 13 et d’Europacorp, s’avère plutôt surprenant : loin des effets tapageurs et des montages migraineux, le film de Pierre Morel fait de son économie de moyens sa grande richesse. Le film paraît ainsi comme l’une des meilleures productions de l’écurie de Luc Besson dans sa représentation d’une série B directe, honnête et très efficace. Liam Neeson y est très convaincant, et prend ici son rôle d’homme d’action avec beaucoup d’aisance, miracle que les deux opus suivants prendront cependant un déviant plaisir à saccager.
2. Le Territoire des loups
Après l’explosif L’Agence tous risques, Joe Carnahan délivre un projet diamétralement opposé avec Le Territoire des loups. Produit par Ridley et Tony Scott (déjà tous deux derrière L’Agence Tous Risques), le réalisateur s’associe avec Ian Mackenzie Jeffers l’auteur de la nouvelle dont est adapté le film, pour un survival intime, efficace et prenant. Liam Neeson y est ainsi juste en veuf, rejoignant ainsi le décès de sa propre épouse survenu en 2009. Taiseux, chef malgré lui, on lit ainsi bien des fêlures dans ses longs silences, dans un long-métrage filmant de plus l’amitié virile comme dernier recours avec beaucoup de justesse.
1. Balade entre les tombes
Loin des sirènes d’Europacorp, Balade entre les tombes est injustement passé inaperçu à sa sortie, car c’est bien là le vrai bon film de cette période artistiquement pauvre pour Liam Neeson. Réalisé par Scott Frank, scénariste, entre autres de Minority Report, Logan et Le Jeu de la Dame (où il a également assuré la mise en scène) et produit, entre autres, par Danny DeVito, Scott Frank signe là un film noir de bonne facture où son acteur excelle, tout en justesse et retenue. Parce que Balade entre les tombes se déroule dans des décors propres au meilleur du film noir. Poisseux et parfaitement maîtrisé, on y trouve même un excellent David Harbour boudé au cinéma après les horribles Hellboy et Black Widow. Humble, modeste et prenant de bout en bout, Liam Neeson excelle loin des fusillades et des grosses explosions : le temps, enfin, de laisser tomber les armes ?
Fait amusant : on entend dans Balade entre les tombes le nom de Philip Marlowe, personnage que devrait prochainement incarner Liam Neeson dans Marlowe, de Neil Jordan. L’occasion pour l’acteur de reprendre un rôle de détective privé, sur fond d’industrie hollywoodienne des années 50, et de s’éloigner, pour le bien de tous, du film d’action.