Avec Dexter Résurrection, Showtime ressuscite notre boucher préféré. Et nous livre une saison brutale, sans concessions, où chaque épisode tranche dans le vif. Ici, pas de faux départ ni de remplissage inutile. Le couteau plonge directement dans la chair.
Si vous n’avez pas encore vu Dexter Résurrection en entier, reposez ce couteau et reculez doucement. Ici, on décortique la fin de saison, brutale, magistrale, et loin d’épargner ses personnages (ou ses spectateurs) et on spoile allègrement.
Là où ça (re) commence…
Un lit d’hôpital. Un homme allongé. Gros plan sur son visage. Dexter ouvre les yeux. Et ce qu’on croyait constituer une fin définitive n’était en fait qu’une fausse sortie. Sauvagement blessé mais vivant, il se retrouve de nouveau happé par ce qu’il a toujours fui : ses pulsions, ses fantômes, et… son fils.
Car Harrison Morgan (Jack Alcott) n’est plus l’adolescent perdu que l’on avait découvert dans New Blood. C’est un jeune homme forgé par la colère et la douleur, et son chemin croise à nouveau celui de son père. Leur relation – mélange d’amour, de haine et d’héritage sanglant – constitue le cœur de Dexter Résurrection. Depuis sa chambre d’hôpital, Dexter tombe sur un bulletin d’infos expliquant qu’un violeur a été tué et découpé en 9 morceaux à New York. Il comprend que c’est Harrison qui a copié son mode opératoire et qu’il a des ennuis. Il s’enfuit de l’hôpital pour le rejoindre.

Dexter, un héritage sanglant
Avant de se replonger dans cette boucherie télévisuelle, rappelons que la série Dexter est née en 2006. Et qu’elle a immédiatement fasciné par son concept inédit : un expert médico-légal qui, la nuit, applique son propre code meurtrier pour éliminer les criminels passés entre les mailles de la justice.
Pendant huit saisons, la série a jonglé entre thriller, drame psychologique et humour noir, donnant naissance à l’un des personnages les plus ambigus de l’histoire des séries.
Le final de 2013 avait laissé un goût amer : Dexter exilé, devenu bûcheron, loin de tout. Beaucoup y ont vu un naufrage scénaristique. La tentative de rattrapage avec New Blood (2021) avait corrigé le tir, offrant un face-à-face père/fils tendu, mais là encore, la fin divisait.
Avec Dexter Résurrection, le couteau est aiguisé à nouveau : cette fois, pas de compromis. On retrouve l’essence de la série, et surtout une cohérence que les fans réclamaient depuis longtemps.
Un casting qui saigne d’efficacité
Dans Dexter Résurrection, la force de la série réside dans la richesse de ses personnages. Michael C. Hall retrouve son rôle avec une intensité habitée, nourrie par sa propre histoire intime, donnant à Dexter une profondeur tragique. Face à lui, Harrison incarne un fils brisé, à la fois reflet et contradiction de son père. Leur relation oscille sans cesse entre amour, haine et héritage sanglant.

Le retour d’Ángel Batista
David Zayas apporte une tension sourde : vieilli mais obstiné, il refuse de laisser les fantômes du passé s’éteindre. Convaincu de détenir enfin les éléments qui relient Dexter au Boucher de Bay Harbor, il pousse son enquête jusqu’à New York. Batista devient un chasseur à son tour. Il essaie d’abord de collaborer avec la police pour arrêter son ancien ami, sans succès. Il tente alors le tout pour le tout. Léon Prater (joué par Peter Dinklage). Là, la manipulation atteint son paroxysme : Prater enferme Batista dans un coffre et le propose comme proie à Dexter. Celui-ci, dans un geste qui montre combien il a changé (ou du moins, hésite), refuse d’achever Batista.
Pour punir ce refus et assouvir sa cruauté, Prater tue Batista dans ce même coffre. Un acte monstrueux qui laisse une blessure ouverte dans le récit. Pire : pour humilier totalement Dexter et lui faire payer son refus de devenir son jouet, Prater enferme ensuite Dexter dans la même boîte métallique. Et le réduit à une proie impuissante. C’est un retournement de rôle glaçant : le chasseur est devenu proie.
Mais qui est Léon Prater ?
Prater est l’antagoniste élégant et tordu de la saison. Survivant d’un accident qui a coûté la vie à ses parents, et marqué par la rencontre avec leur assassin, il s’est érigé en mécène morbide. Il collectionne les tueurs et leurs « souvenirs », organise des diners où la monstruosité se pavane en société. Sa richesse ne représente que la façade d’une obsession : soumettre, humilier, retourner les codes.
Il recrute Dexter en le prenant pour un autre tueur. Car un « imposteur » s’est vu attribuer le surnom de Dark Passenger (le nom que Dexter donne à son propre double maléfique) par les médias. Celui-ci tue des chauffeurs de taxi en les décapitant à l’aide d’un fil de fer cranté. Quand Dexter découvre son existence, il décide de la traquer et l’élimine. Il ne peut pas exister 2 Dark Passenger. Alors qu’il s’est rendu chez son homonyme pour fouiller sa vie, Dexter a justement trouvé une invitation mystérieuse à un diner. Envoyée par Prater… Curieux, il se rend au diner sous l’identité de Red (le tueur) et découvre d’autres tueurs comme lui. D’abord séduit à l’idée de partager une forme d’intimité, ses secrets, avec ses pairs, il réalise qu’ils ne sont pas ses pairs, mais ses proies. Il les élimine donc les uns après les autres.
Plus tard, loin d’être fâché quand Batista lui révèle la véritable identité de Red, Prater décide de transformer Dexter en trophée et en instrument. Il révèle ainsi l’un des thèmes centraux de la saison : la fascination pour le mal et la politique de l’humiliation. Mais son empire se fissure lorsque sa cruauté dépasse même sa capacité à contrôler les conséquences.

Autour de ces personnages : pléthore de noms connus
Uma Thurman (Charley) est le bras droit qui exécute les basses œuvres de Prater. Même si sa « collection » semble l’écœurer. Elle découvre à la fin qu’il garde un dossier compromettant sur elle et finit par démissionner. Elle accepte par ce geste de perdre le financement des soins de sa mère mourante plutôt que de continuer à participer. Ce renoncement symbolise l’une des rares respirations humaines de la fin de saison – une preuve que la survie morale reste possible, même au prix du sacrifice.
On retrouve également Ntare Mwine (apparu notamment dans Smoke) en chauffeur de taxi, ami et soutien de Dexter. Kadia Saraf (Claudette Wallace), inspectrice singulière qui apporte une étrangeté grinçante avec sa manie d’écouter au casque Stayin’ Alive pour se concentrer sur les scènes de crime. Et des tueurs en série incarnés par Neil Patrick Harris (How I met You Mother), Desmond Harrington (MurderRobot) ou encore Eric Stonestreet (Modern Family).
En réunissant des figures cultes et nouvelles menaces, la série compose une fresque sanglante où chaque relation devient une arme prête à entailler chair et conscience.
Dexter et Harrison : réconciliation dans le sang
Au cœur de Dexter Résurrection, la relation père/fils reste le vrai moteur. Harrison n’est pas simplement tenté par le Code de Harry : il est tiraillé. D’un côté, une pulsion de justice morbide l’attire – un désir violent de régler certains comptes. De l’autre, il refuse viscéralement de devenir le reflet froid et calculateur de son père. Cette tension interne représente le cœur émotionnel de la saison.
Face à cela, Dexter fait un pas inédit. Après avoir voulu façonner Harrison selon son image dans New Blood, il admet – sincèrement – qu’il ne veut plus faire de Harrison sa copie. Il promet de ne plus le pousser vers ce modèle et accepte son fils tel qu’il est, avec ses contradictions et ses doutes. Ce basculement paternel donne à la série une humanité nouvelle : Dexter n’est plus seulement un homme de sang, il essaie, maladroitement, d’être un père.
L’épisode final cristallise cette évolution : enfermé par Prater, Dexter est sauvé non par une simple loyauté au Code, mais par l’acte choisi de Harrison. Ce dernier intervient, casse la « cage » et extirpe son père de la tombe métallique. Le sauvetage n’est pas la consommation d’un héritage meurtrier – c’est le geste d’un fils qui aime, qui protège, et qui refuse de se réduire à un clone de son père. Animé par ce désir familial de justice – après tout, son grand-père, tout comme sa tante, était flic. Et même Dexter, avec son Code, fait œuvre de justice à sa façon 😉 –, il s’inscrit en fac de criminologie pour devenir policier.

Chaque épisode, une tuerie visuelle et narrative
Là où beaucoup de séries s’essoufflent après deux ou trois épisodes, Dexter Résurrection plante son scalpel dès le début et ne lâche plus. Chaque épisode est pensé comme une pièce de boucherie unique : meurtres ingénieux, mises en scène macabres, dialogues ciselés, révélations explosives. Pas de ventre mou, pas de pause-café : la tension grimpe constamment. Même les moments de calme apparent sentent le sang qui couve. Bref, chaque épisode est une tuerie.
On adore parce que la série assume pleinement sa violence, son humour noir, et surtout parce qu’elle fait battre le cœur autant qu’elle le fait saigner. On est pris à la gorge, captivés, jusqu’à la dernière seconde.
Et que dire de ce carnage final ? Batista mort, Prater démasqué, Charley partie… Et Dexter, bien vivant, qui reprend ses bonnes vieilles habitudes. Après l’« emprunt » du bateau de Prater (qui n’en aura plus besoin), il effectue une sortie en mer pour se débarrasser des 9 morceaux du corps de Prater au fond de l’eau.
La chasse continue
L’annonce de la production de trois nouvelles séries dérivées autour de Dexter Morgan remonte à 2023. Une préquelle intitulée Dexter : Original Sin. Puis, une suite à Dexter : New Blood. Enfin, une série consacrée aux premières années du Trinity Killer (le meilleur des Némésis de Dexter, selon nous). Depuis, les projets ont pris des chemins différents : Dexter : Original Sin, diffusée fin 2024, ne sera pas renouvelée malgré son succès. La série sur le Trinity Killer reste encore au stade de développement. Quant à Dexter Résurrection, la promesse d’aller encore plus loin dans la relation père-fils, de plonger dans la chute d’Harrison et de confronter Dexter à des ennemis toujours plus redoutables nous tient en haleine. L’attente sera insoutenable. On comptera les jours comme Dexter compte ses trophées de sang.
Dexter est disponible sur Showtime depuis le 13 juillet 2025 et sur Canal+ depuis le 21 août 2025
Avis
Avec Dexter Résurrection, Showtime ressuscite magistralement son icône. Un pitch haletant, un casting parfait, des meurtres inoubliables, et une tension permanente. Si le sang est au rendez-vous, l’émotion aussi. Une série à voir, à revoir, à savourer comme un crime parfait.


5 commentaires
Ce n’est pas le corps de Batista que Dexter coupe et jette à la mer à la fin de l’épisode final, mais celui de Prater qu’il a assassiné. Le corps de Batista est bien découvert dans la chambre forte par la brigade de police de NYC (scène où l’inspectrice Claudette dépose son chapeau sur le corps emballé d’un sac mortuaire).
Ce n’est pas le corps de Batista qu’il jete à la mer… C’est celui de Prater. Batista est retrouvé par la police dans la pièce là où il est mort…
Gros malentendu de ma part. C’est vrai qu’il tue Prater. Merci pour la correction ☺️.
Ce n’est pas Batista qui est coupé en 9 morceaux et jeté à la mer, mais plutôt Prater du haut de son bateau !
Gros malentendu de ma part. C’est vrai qu’il tue Prater. Merci pour la correction ☺️. C’est modifié.