Warren Zavatta dans Fiasco nous livre un seul-en-scène drôle et touchant qui retrace son chemin vers le succès puis sa descente aux enfers.
Fiasco ressemble à une longue confession faite sur le ton de l’humour. Ainsi, après un premier spectacle dans lequel il réglait ses comptes avec le cirque, c’est avec lui-même que Warren Zavatta fait cette fois-ci le point dans ce seul-en-scène bien plus touchant qu’il n’y paraît.
Il entre sur scène en se prenant les pieds dans le rideau, comme pour illustrer en une image la tranche de vie qu’il s’apprête à nous raconter. Car, avec ses grandes godasses de cirque, sa voix grave et son auto-dérision, c’est le récit d’une longue dégringolade que le petit-fils du célèbre clown s’apprête à nous faire, presque l’air de rien…
Un auto-portrait sans complaisance
C’est avec un seul-scène surprenant dans le fond comme dans la forme que l’artiste revient après plus de mille représentations de son premier spectacle « Ce soir dans votre ville« . Même si, « Faire un come-back quand personne a su que t’étais parti, ça aide pas à remplir les salles ! » plaisante-il avec une lucidité touchante.
Aussi, ne vous fiez pas à vos premières impressions. Car derrière le côté un peu potache de ce spectacle qui semble partir dans tous les sens – surtout dans la première moitié – s’esquisse peu à peu quelque chose de bien plus profond. L’humour dans lequel on patauge d’un bout à l’autre n’est finalement qu’un leurre. Et c’est petit à petit que cet artiste à la vie tourmentée vient toucher notre cœur en nous parlant de lui. En nous parlant de nous aussi…
Un seul-en-scène tout en confidences
Warren Zavatta ne cherche pas à se faire passer pour ce qu’il n’est pas. Ainsi, avec humilité, générosité, et sans complexe ni langue de bois, il nous emmène dans les coulisses de sa vie d’artiste, et avoue tout. Depuis son premier spectacle, sa rencontre avec Dany Boon et le soutien à toute épreuve de ce-dernier, les portes du succès qui s’ouvrent enfin ; puis les JT, les émissions de variété, les journaux, les bêtisiers aussi (merci Élise Lucet !)…
… jusqu’à perdre le contact avec le réel. Jusqu’à s’enfuir en plein spectacle devant 600 personnes. La suite est alors moins glorieuse mais profondément humaine. L’alcool, la drogue, ses passages en hôpital psychiatrique, en prison, sa famille qui vole en éclats, la maladie… On comprend que l’homme qui se tient face à nous – sa sensibilité bien dissimulée derrière son immense bouclier d’humour – est en réalité un survivant.
Une belle leçon d’humanité
Pour autant, il ne cherche pas à faire pleurer dans les chaumières, bien au contraire. Ce spectacle est un acte de résilience, une manière de se repentir aussi, et de sensibiliser le public aux démons qui ont été les siens. « Avec l’alcool j’ai tout perdu » confesse-t-il, et on est alors parcouru de frissons… Car on sent bien, dans de petites phrases comme celles-là, distillées à doses homéopathiques, que l’artiste laisse entendre la voix de l’homme.
Et puis, c’est un message d’espoir aussi. « La roue tourne ! », nous rappelle-t-il à plusieurs reprises, lui qui revient de si loin, avec une énergie et une détermination qui forcent le respect. Ce sont toujours celles du cirque qu’il porte et pourtant : l’artiste semble désormais bien dans ses pompes. Une manière, peut-être, d’exprimer qu’il est aujourd’hui en paix avec son passé.
Un spectacle protéiforme
Warren Zavatta a plus d’un talent dans son sac ! Ainsi, il nous fait rire avec de nombreux jeux de mots, nous épate en poussant la chansonnette (avec une interprétation d’Amy Winehouse excellente !), nous transporte avec un air de saxophone que l’on aurait aimé écouter plus longuement, et nous amuse avec quelques accessoires de cirque qui apparaissent comme autant de clins d’œil à son ancienne carrière.
Pour apprécier ce spectacle à sa juste valeur, il faut le considérer dans son ensemble. Car la qualité est assez inégale et l’émotion tarde un peu à venir tandis que certains passages viennent inutilement alourdir le récit, comme le sketch autour du numéro de pétoman. Finalement, c’est quand Warren Zavatta arrête un peu de faire le clown que la magie opère et que l’on se dit que l’on a bien fait de venir.