Vol à haut risque semble être calibré comme une série B tout droit sortie des 90’s. Pourtant, il s’agit du tout nouveau film réalisé par Mel Gibson (Braveheart, Tu ne tueras point) : une information qui ne pèse pas bien lourd dans l’équation, tant le style de son auteur ne transparaît jamais dans ce produit de commande.
S’il est connu en tant qu’acteur (notamment dans les sagas Mad Max et L’Arme Fatale), Mel Gibson aura su s’imposer comme un grand réalisateur au style hyperesthésique. Braveheart, La Passion du Christ, Apocalypto, Tu ne tueras point..autant de grands films mus par la foi du cinéaste en des récits fédérateurs qui prennent aux tripes.
Vol à haut risque : du DTV sorti des 90’s
Et avant qu’on le retrouve pour la Résurrection du Christ, le voilà de retour plus de 8 ans après Hacksaw Ridge ! Vol à haut risque a d’ailleurs tout de la proposition de thriller d’action directement venu des 90’s : une US Marshal (Michelle Dockery) est chargée d’escorter un informateur (Topher Grace) jusqu’à New York pour qu’il témoigne face à un parrain de la mafia.
Pour se faire, ils vont devoir voyager en avion au départ de l’Alaska. Le hic : le pilote (Mark Wahlberg) n’est pas celui qu’il pense être, et se dévoile en tant que tueur à gages aux tendances psychotiques. S’ensuit donc sur le papier 1h30 de suspense et de tension..mais ça c’est sur le papier !
Mel Gibson en basse altitude
Trêve de suspense : difficile de pleinement cautionner ce Vol à haut risque, même en omettant qu’il s’agit du grand Mel Gibson derrière la caméra ! Un cadre proche du huis-clos, un canevas simple pour privilégier la rythmique et le suspense..et malheureusement c’est bien dans l’efficacité que ce Flight Risk pêche malgré ses promesses régressives.
En effet, après une mise en place carrée de son concept, l’intrigue s’enfoncera dans un sur-place narratif mortifère. Comme si le scénario était incapable de faire évoluer sa promesse initiale, une fois les motivations du tueur éclairées et le look calvitié d’un Mark Wahlberg en roue libre révélé. Une manière appréciable de casser l’image de Marky Mark pour en faire un psychopathe qu’on appréciera détester, mais qui passera in fine l’intégralité de son temps à l’écran à être passif ou menotté.
Même d’un pur point de vue formel, Vol à haut risque transpire la commande de studio à plein nez : CGI baveux, photo terne de DTV, production design relativement inexistante, retournements de situation aux abonnés absents… Le tout est en pilotage automatique (sans mauvais jeux de mots), et seul la clarté globale de mise en scène/montage parvient à rendre le visionnage loin du ratage désagréable vers lequel il aurait pu tendre.
Topher Grace a beau également flirter avec le cabotinage bien gras, c’est surtout le contraste et la complémentarité mise en parallèle avec le personnage de Michelle Dockery qui fera passer la pilule. Véritable protagoniste du métrage, l’actrice s’en sort avec les honneurs en héroïne proactive hanté par la mort d’un précédent témoin protégé. Le jeu de ping-pong entre elle et Wahlberg fonctionne sur ce simple point de vue : faire briller un personnage en voie de guérison, à défaut d’élever le reste du métrage à son niveau. Une déception aussi vite vue qu’oubliée !
Vol à haut risque sort au cinéma le 22 janvier 2024
avis
On attendait Vol à haut risque par la simple promesse du retour de Mel Gibson derrière la caméra : le résultat est non seulement cruellement anonyme en terme de mise en scène, mais les velléités régressives d'actioner 90's promises se veulent également amoindries par un script dénué de vraie tension. Un manque d'efficacité, à peine sauvé par un casting compétent et une rythmique sans gros bout de gras. Pas terrible donc !