La troisième saison de The Witcher, diffusée sur Netflix, vient de se terminer, laissant avec cette absence de cliffhanger un goût étrange, celui d’un réveil un peu enfumé, comme quand tu as trop dormi et que tu te sens vaseux. Bah pareil.
Geralt, Yennefer et Ciri font leur petite vie de famille recomposée en essayant d’échapper aux émissaires rédaniens et nilfgaardiens alors que des complots, dans les deux royaumes et chez les magiciens mais également chez les elfes, menacent de tous les côtés. Après une saison 2 plus proche de l’univers que ne l’était la première, la troisième saison du show de Netflix semble en roue libre, sans réelle direction, si ce n’est celle de brosser un portrait compliqué du Continent de The Witcher, en proie à des conspirations vivaces, mais loin d’être passionnantes.
Toujours showrunnés par Lauren Schmidt Hissrich, ces nouveaux épisodes ne font pas exception au reste de la teinte cheap de la série tout en offrant paradoxalement plus de matériel aux acteurs mais moins d’action aux spectateurs qui s’ennuient secs devant un drame familial perturbé par de nombreux complots. Mais n’est pas Succession qui veut. Sutout que les épisodes, huit au total, sont chacun écrit par un scénariste différent, tandis que les réalisateurs comme Stephen Surjik ou Loni Peristere, se contente de superviser les épisodes deux par deux. De quoi perdre de l’unicité du show et découvrir une intrigue, non pas cousue de fil blanc, quoique, mais une intrigue éparpillée, éclatée, sans réelle direction.
Looks like rain…
Le manque de consistance vient également du fait que le show prépare gentiment au remplacement de Henry Cavill, puisque The Witcher sera dorénavant interprété par Liam Hemsworth. Sorte de long épilogue pour conclure la narration du personnage pourtant principal à la série, cette saison 3 de The Witcher, inutilement divisé en deux parties aussi inégales qu’insipides, on espère beaucoup pour finalement peu apprécier ce qui nous est montré.
Alors certes, deux-trois moments de bravoure viennent surélever un peu le niveau global de la série. Les plans séquences du premier et du dernier épisode de cette saison 3 sont appréciables, tout comme l’initiation de Ciri (parfaite Freya Allan) qui s’attaque à son premier monstre marin ou tente de survivre seule dans le désert pour mieux se focaliser sur ses ambitions et sa personnalité (ou celle d’une certaine Falka). De même la relation entre Geralt et Yennefer est habilement menée, lourde d’incertitudes et d’inégalités au sein de leur couple, et les deux acteurs Henry Cavill et Anya Chalotra témoignent d’une belle alchimie convaincante.
Par contre, c’est un peu tout ce qu’on peut sauver. Les potions disparaissent, les monstres se raréfient, les pouvoirs s’amenuisent alors que les poncifs du genre s’accumulent. Les personnages deviennent des caricatures de ce qu’ils sont (pauvre Dijkstra), le blabla narratif n’apporte que peu d’éléments scénaristiques et si la guerre entre les Elfes et les Humains est pourtant primordiale dans la saga de Sapkowski, ici elle parait dérisoire, pire, inintéressante. La faute à des revendications floues des deux côtés (que diable veulent donc l’empereur Emhyr ou l’elfe Findabair) ou à des rebondissements ultra prévisibles.
Quant à l’intrigue des mages et au complot inhérent à leurs rangs, c’est pareil, l’ensemble parait si artificiel qu’il est impossible d’éprouver la surprise de la révélation du grand méchant (on en parle du sort de Rience ?) ni aucune empathie pour aucun des sorciers. Très faible, l’arc n’a d’utilité que de terminer celui de plusieurs protagonistes pour un renouvellement définitif lors d’une saison 4 prochaine et qui nous intrigue autant qu’elle nous terrifie vue la pauvreté narrative de cette saison 3.
Sauf que même visuellement la série souffre d’aberration. La mise en scène, si elle est carrée et fait le boulot, n’a jamais de moments glorieux à nous offrir si ce n’est quelques pauvres scènes de combats dans des ruines. Les décors sont aussi inexistants que ne le sont les costumes ou la retranscription de la richesse du lore et c’est dramatique de se dire qu’on évolue entre deux plans de forêt et trois plans de studio agrémenté de cageots et de boue. Le reste ne propose malheureusement que de pauvres champs/contre-champs et l’ensemble des CGI demeure immuablement pauvre.
En bref, la saison 3 de The Witcher est aussi insipide qu’inexistante et permet seulement de préparer à une saison 4 potentiellement nouvelle, pleine de rebondissements et de développements, mais on en doute. Qui vivra verra.
La saison 3 de The Witcher est disponible sur Netflix.
Avis
Avec le départ prochain de Henry Cavill, la troisième saison de The Witcher sonne la fin d'une époque, sorte d'épilogue insipide et sans réelle direction autre que celle de nous faire patienter. Super.