Après une razzia aux Emmys, SAG et aux Golden Globes, The Bear revient dans une saison 3 toujours aussi savoureuse, se concentrant encore plus sur l’humain derrière la recherche de perfection culinaire.
Difficile de passer à côté de The Bear après la collecte d’awards à toutes les cérémonies de récompenses du milieu télévisuel de l’an dernier. En effet, la série culinaire de Christopher Storer ce sera rapidement imposé comme une leçon d’écriture et d’humanité injectée dans une peinture électrisante du milieu de la haute gastronomie.
Nous en vantions les mérites dans notre critique, et inutile de dire que cette 3e partie se faisait attendre, surtout après un climax de saison 2 voyant le restaurant The Bear finalement ouvrir ! Tout semblait aller pour le mieux, mais c’était sans contexte l’anxiété chronique de Carmy revenant toquer à la porte, responsable d’une rupture avec Claire.
Mise en bouche digne d’un grand chef
La saison 3 de The Bear reprend ainsi directement après via « Tomorrow », un épisode chef-d’œuvresque de 36 min entièrement drivé par une recherche atmosphérique tout en explorant la personnalité post-traumatique de Carmy. On suit donc de manière fragmentée tout le cursus culinaire et émotionnel du personnage (de New York à Copenhague) via un montage supportant à la perfection la mise en scène aiguisée et la musique de Nine Inch Nails (« Together« ).
Passé ce brillant interlude, la narration redevient plus classique, tandis que le fil rouge de The Bear Saison 3 tiendra la dichotomie caractérisée par la recherche constante de perfection du restaurant (allant jusqu’à changer de menu chaque jour) et l’impasse d’épanouissement personnel que cela peut engendrer.
Une thématique pertinente qui centre toujours le récit sur l’humain (même si à l’instar de l’épisode 3 on retrouve tout le tumulte énergique des coulisses en cuisine). On regrettera donc que cette saison 3 délaisse certains personnages (Marcus et son deuil familial) et diminue parfois la dimension collective pour se recentrer sur ses protagonistes principaux.
Sursaut d’humanité
Rien de rédhibitoire, d’autant que de la place est accordée au versant comique des frères Fak (jusque dans un caméo gratuit de John Cena) au détriment d’autres arcs narratifs. Pourtant, il suffira du superbe épisode 6 « Napkins » par Ayo Edebiri pour toucher à nouveau du doigt ce qui a fait la force de la saison 2, alors qu’on s’intéresse au quotidien de Tina en 2018 dans une recherche d’emploi désespérée. Là, encore, le mantra « chaque seconde compte » semble être le credo de cette Saison 3 !
Une dimension sociale et émotionnelle absolument impeccable (avec une belle intervention de Jon Bernthal) mettant à nouveau un coup de projecteurs sur la finesse d’écriture de The Bear. Là encore, l’épisode 8 « Ice Chops » permet non seulement à Jamie Lee Curtis de livrer la meilleure performance de la saison, autant qu’une rédemption relationnelle du personnage vis-à-vis de sa fille.
Acting de fin gourmet
The Bear Saison 3 laisse encore plus de place aux performances d’acteurs, pouvant naviguer de manière authentique dans de nombreux plans-séquences (on pense même à Ebon Moss-Bachrach en épisode 4 dans des scènes où il questionne son rôle de père solitaire). Si Sydney Adamu est plus en retrait en terme de proactivité, son personnage subit une amorce transitionnelle plus marquée, renvoyant à ce qu’est devenu Carmy dans sa quête de perfection.
Mais c’est encore une fois Jeremy Allen White qui impressionne le plus, tandis que son personnage à fleur de peau se rend compte du point de rupture dans un très bon épisode final (avec la toujours excellente Olivia Colman) réflexif nous lâchant sur un cliffhanger rageant. Bref, The Bear revient dans une vraie belle saison 3, peut-être moins surprenante ou équilibrée que prévue, mais prouvant encore une fois qu’elle est sans doute la meilleure comédie dramatique actuelle du petit écran !
The Bear Saison 3 sera disponible sur Disney+ le 17 juillet 2024
avis
Moins impactante ou inédite que précédemment, cette Saison 3 de The Bear demeure néanmoins un vrai bon cru en terme de mise en scène, d'écriture et de performance d'acteurs, proposant une réflexion plus désenchantée sur la quête permanente de succès de Carmy. Malgré un certain délaissement de personnages, l’œuvre de Christopher Storer nous propose encore de vrais acmés émotionnels cinégéniques dans ce qui s'apparente à une inéluctable transition pour nos chefs favoris. Vivement la suite donc !