Le pilote nous enchantait, la saison complète de Star Trek Picard s’est montrée joliment rêveuse, humaniste, mais ne va, paradoxalement, pas bien loin…
L’amiral Jean Luc Picard sort de sa retraite pour aider une synthétique face à l’apocalypse prédite par les Romuliens. Diffusée sur Amazon Prime, la première saison de Star Trek Picard vient de toucher à sa fin en proposant un voyage nostalgique entre fan service et considérations utopiques, histoire de prouver une nouvelle fois que l’ultime frontière n’en est plus une.
Au scénario, à la production et devant la caméra, Patrick Stewart officie avec une classe phénoménale son grand retour dans la franchise Star Trek en reprenant son iconique rôle de l’amiral Jean Luc Picard. Le show créé par Alex Kurtzman, grand scénariste de la saga intergalactique, permet de retrouver agréablement cette ode à « l’ancienne » génération où la négociation et les dialogues lentement mis en place primaient. Une peinture où l’action n’est que secondaire face à un humanisme omniprésent, une humanisation sans pareille d’une science-fiction paradoxalement très contemporaine.
Ré-générations
Inéluctablement, la série diplomatique se transforme rapidement en road-movie où le vieux capitaine se reconstitue petit à petit un équipage de fortune, histoire de réinstaurer une famille par laquelle appréhender ce voyage interstellaire et les relations humaines. Un prisme social qui dénote avec les précédentes, et récentes, œuvres de la franchise. Car loin d’une action immuable et de découvertes musclées, Star Trek Picard préfère s’attarder sur l’échange entre ses protagonistes, l’évolution narrative de ceux là mêmes qui font du show une réussite humaniste.
Pourtant, on déplore quelques facilités scénaristiques qui raccourcissent la construction de certains personnages ou des rebondissements pour tomber dans une prédictibilité dommageable. De même, certains aspects du fan-service paraissent un rien superficiels, où les nombreuses apparitions des guest-stars semblent quelque peu forcées. Si Brent Spiner jouit d’apparitions lourdes de sens, Jeri Ryan, Jonathan Frakes (également derrière la caméra de plusieurs épisodes) ou l’intrigue avec le Cube Borg offrent des références qui parleront difficilement aux non-initiés sans pour autant faire avancer le fil narratif de l’intrigue générale.
Des clins d’œil appuyés qui font de Star Trek Picard une série qui s’adresse avant tout aux trekkies pur souche mais où les amateurs de science-fiction et de la franchise en général y trouveront également leur bonheur tant ce discours pacifique y est bien représenté. Sans compter les longues conversations sur l’humain, ses faiblesses et l’espoir inhérent à ses défauts, l’univers graphique y est comme toujours magnifique. Les effets visuels d’une finesse folle quand les maquillages précis continuent de donner vie aux créatures les plus reculées de l’espace. Surtout que la musique permet ici d’appuyer sans fausse note une filiation aux séries et films anthologiques pour parfaire cette peinture spatiale sensiblement délicate.
Star Trek Picard a beau être trop référencée pour s’offrir une intrigue des plus originales, son ton lancinant et délicieusement humain offrira un divertissement parfaitement qualitatif aux fans de la première heure, tout en déstabilisant les profanes.