Predator Badlands offre un gros coup de polish à une saga désormais étonnante ! Bien loin de ses prémices d’actioner horrifique, la franchise opère un changement de perspective sous l’œil de Dan Trachtenberg (Prey) dans une aventure prenant cette fois le point de vue d’un jeune Yautja en pleine quête initiatique ! Le résultat est rafraîchissant, même si perfectible.
Predator Badlands est le septième opus d’une franchise ayant connu un véritable coup de boost depuis Prey ! Le film de Dan Trachtenberg (10 Cloverfield Lane) avait réussi à revigorer une saga qui semblait morte et enterrée après le malade The Predator, dans une aventure plaçant une Comanche face à un redoutable Yautja ! Le succès était au rendez-vous malgré une sortie directement sur Disney+, si bien que le réalisateur est désormais le principal architecte des opus suivants.
Dans la peau d’un apprenti Predator
On pourra d’ailleurs noter le sympathique Predator Killer of Killers sous forme de semi-anthologie animée, dans le but d’étendre un lore jusqu’ici seulement fantasmé par des hordes de nerds. Predator Badlands est clairement dans cette mouvance, débutant justement sur la planète désolée Yautja Prime dans un entraînement/affrontement entre Kwei et son petit frère Dek !

Ce dernier est en effet un Predator à l’allure plus chétive, devant justifier sa place dans le clan auprès de son père. Envoyé sur Genna (la planète de la mort), Dek va traquer le Kalisk, une gigantesque créature jugée comme impossible à tuer. Il devra ainsi survivre face aux nombreux dangers de ce monde mortel, au même moment où la Weyland-Yutani (oui, la fameuse corporation de l’univers d’Alien !) y envoie des synthétiques récolter des formes de vie.
Plaisir de nerd
Predator Badlands peut sans nul doute être vu comme une nouvelle tentative de lier l’univers Alien et Predator à l’écran. Malgré tout, Dan Trachtenberg évite soigneusement tout fan service fastoche pour proposer une aventure autonome prenant des airs de réjouissant geekporn SF ! C’est simple, le pari est d’entrée de jeu audacieux : des Yautjas en protagonistes qui parlent avec leur propre dialecte, une immersion inédite dans les us et coutumes de leur peuple, un tout nouveau terrain de jeu pulp…

Le début du métrage est ainsi un petit plaisir de gosse biberonné à du Star Wars ou du Buck Rogers, tandis que des lianes carnivores viennent attaquer Dek après le crash de son vaisseau, avant une course-poursuite avec une puce géante dans un champ d’herbes-rasoirs ne vienne succéder à une rencontre fortuite avec Thia (Elle Fanning dans un double-rôle ami-ennemie) dans une clairière parsemée de fleurs toxiques. Un spectacle bien tenu en terme d’effets visuels (à un pugilat près), les implantant aussi dans quelques plan-séquences savamment orchestrés !
Quand le Yautja n’est plus un Predator
Mais derrière ces ambitions de blockbuster original, Predator Badlands n’est pas aussi radical dans l’exécution de ses (belles) idées. La résultante tient surtout dans une dimension de buddy movie avec une Elle Fanning apportant des touches d’humour régulières et une légèreté dont l’univers n’avait véritablement pas besoin, y compris dans l’incorporation au forceps d’un sidekick simiesque ayant plus sa place dans The Mandalorian que dans le monde guerrier de Predator.

Des diktats de film PG-13 en somme, que Trachtenberg arrive régulièrement à contourner dans des tranchages de membres/effusions de sang verdâtres. Predator Badlands se veut d’ailleurs franchement fun lors de ses séquences d’action face à des grosses bestioles, ou encore un climax réussi impliquant à la fois du mecha ou bien le corps scindé en deux de Elle Fanning !
Mais comme s’il fallait être timoré dans le parcours de son jeune Yautja, Predator Badlands arrive à justifier le sentiment de camaraderie qui prime au cours de cette quête initiatique : en allant à l’encontre de ce qu’est un Predator ! Rejetant progressivement la culture ultra masculiniste, solitaire et belliqueuse de sa caste, Dek réussit à trouver sa propre voie. Une cohérence de propos et une audace d’approche oui, mais qui finit sans doute dans une certaine consensualité malheureuse via son final cliffhanger. Pas trop mal en somme, mais perfectible !
Predator Badlands est sorti au cinéma le 5 novembre 2025
avis
Réjouissant autant que bicéphale dans son traitement malheureusement pas aussi radical que ses ambitions affichées, Predator Badlands étend l'univers des Yautjas avec ludisme jusque dans un festival de geekporn affadi par des diktats de buddy movie blockbusteresque. Le parcours initiatique de son personnage principal est heureusement réussi, au prix d'une consensualité finale. Du plaisir, mais très perfectible !

