My Broken Mariko met en scène un road-trip rédempteur palpitant et captivant. Waka Hirako frappe fort pour son premier manga.
My Broken Mariko conte le destin tragique de deux amies. Tomoyo apprend avec effroi le suicide inattendu de sa meilleure amie, Mariko. Elle entre alors en conflit avec le père violent de Mariko au sujet des funérailles. En conséquence, elle lui vole l’urne funéraire. Il lui faut désormais trouver l’endroit le plus approprié pour répandre les cendres de son amie. Tomoyo s’élance donc dans un long périple de rédemption. Le manga se compose d’un tome unique scénarisé et dessiné par Waka Hirako et édité par Ki-oon.
My Broken Society
Ce seinen aborde la lourde et peu gaie thématique de la mort à travers deux amies aux profils singuliers et puissants. Il s’agit de mettre en scène les bouleversements psychologiques dus à la perte d’un proche. Ce manga ne cesse de rendre compte de la force de leurs liens qui transcendent la mort. Tomoyo et Mariko apparaissent plus proche que jamais; au point de souvent instaurer un doute sur la mort effective de Mariko. Un récit qui malmène perpétuellement son lecteur en ne cessant de ressasser la douleur et l’impuissance de ses personnages.
Il aborde le deuil sous la forme de la fuite, à envisager tant sur le plan géographique que psychologique. Waka Hirako choisit avec justesse de se pencher sur le deuil à travers ces cheminements qui constituent des voies de salut. Fuir, parce qu’on refuse d’y croire, pour rendre hommage, ou encore pour trouver le repos; ce seinen expose avec finesse les acceptions de la fuite. Celle-ci étant renforcée par un dessin mettant constamment des personnages extrêmement expressifs en positions dynamiques.
Par élargissement, le récit traite aussi du problème sociétal de la violence dans la sphère familiale. L’auteure met en lumière des maux qui gangrènent la société et qui font écho à son vécu, comme elle l’explique dans l’interview contenue dans le livre. La famille de Mariko expose dès lors aux lecteurs les violences familiales, vues de l’intérieur. Sans toutefois trop se pencher sur leurs causes profondes, pour se concentrer sur leurs natures et surtout, leurs conséquences.
My dear Mariko
Il devient, dès lors, possible pour tout lecteur d’être touché à différents degrés par ce que conte Waka Hirako. Et ce, grâce à la diversité des thèmes abordés et la force de ses personnages sans nécessairement rattacher les évènements de ce manga à son propre vécu. La figure de Tomoyo, revêt, au final, une certaine exemplarité. L’incarnation d’une amie véritable et la preuve que l’on peut se relever suite à l’effondrement. Mais aussi grâce aux autres personnages, inspirant eux aussi moult impressions oscillant de l’empathie au dégoût.
Le format one-shot de ce seinen apparait comme un choix ambitieux, mais aussi un peu serré, au vu de la thématique abordée. Si la lecture ne nécessite qu’un seul passage à la caisse, elle ne comporte que 150 pages. Un format qui ne permet pas de développer correctement les ressentis de Tomoyo; les moments de peine, de doute, d’incompréhension… qui traversent l’esprit d’une âme tourmentée. L’on se contentera d’une perpétuelle fuite en avant où les émotions s’entremêlent à grande vitesse.
A la vie, à la mort
My Broken Mariko aborde avec fureur le bouleversement qu’est la perte d’un proche. Ce seinen tire sa force principale de la précision des idées et émotions que véhiculent l’auteure, tant à travers de sa narration que de ses dessins. Toutefois, ce format compact fait l’impasse sur le développement des émotions au profit d’une narration frénétique et quelque peu cafouilleuse.