Interdit de projection au Maroc suite à sa présentation au festival de Cannes, Much Loved s’offre néanmoins dans l’intimité de nos salles de cinéma françaises. A Marrakech, Noha, Randa, Soukaina et Hlima se prostituent pour fuir la misère.
Si les gouvernements s’interrogent encore en ce début de XXIème siècle sur la place à accorder à la prostitution dans la société, Much Loved livre son approche de ce métier vieux comme l’humanité. Loin de virer dans le trash tel un Taken, le film franco-marocain décrit avec virtuosité et simplicité le quotidien complexe et les personnalités de ces femmes vivant entre hypocrisie, interdits culturels, dénis et mépris. Cette famille recomposée, solidaire dans l’adversité, nous entraîne avec ardeur dans l’univers caché du désir, marginal, où se côtoient travestis, enfants des rues et homosexuels.
Habitué aux sujets sensibles (Les Chevaux de Dieu), le réalisateur Nabil Ayouch ne nous épargne pas les scènes crues. Il réussit néanmoins à inspirer au spectateur toute la précarité de la situation à travers des scènes intimistes et touchantes en plans rapprochés. Loin de se faire intrusives, les images choisies, aux coloris travaillés, morcellent les corps devenus marchandises. Sans porter un regard moralisateur, Much Loved offre une vision originale par son traitement subtil de ce sujet sensible.
Much Loved est sorti le 16 septembre 2015 dans nos salles françaises.