Critique Mégalo Poupos dans la quête du gras : une odyssée culinaire aussi foutraque que savoureuse

Un héros glouton, des quêtes improbables, une galerie de personnages à croquer. Et une épopée qui sent bon le beurre fondu ! Mégalo Poupos est une BD qui fait sourire, saliver et voyager.

L’histoire démarre avec Mégalo Poupos, cuisinier en quête de revanche après un mauvais investissement. Il embarque à bord du légendaire paquebot Le France, et se retrouve propulsé dans une aventure où la cuisine devient un terrain de duel, de quête et même de magie. Entre banquets improvisés, épreuves culinaires et rivalités épiques, Poupos trace une route aussi improbable que savoureuse.

« Au loin, un profil au nez uniquement LONG se dessine. Vous le reconnaissez tous, l’illustre protagoniste de BANQUETS ! œuvre littéraire sans pareille. »

L’auteur gourmet et l’illustrateur expressif

Roland Theimer est chef et écrivain, amoureux de la Méditerranée et de ses influences. Entre Toscane, Grèce et Venise, il fait chanter les casseroles autant que les mots. De plus, il marie goûts puissants, saveurs délicates et récits gourmands.

Nicola Torán est illustrateur de bande dessinée indépendant, originaire de Londres. Ingénieur de formation et passionné d’arts martiaux, il puise son inspiration chez les peintres classiques? En outre, il excelle dans la caricature expressive des visages et du corps humain.

Une intrigue aussi délirante que gourmande

De la cheffe engloutie par une baleine au concours de la Louche d’or, en passant par la quête de la mythique Excalibeurre, l’intrigue déploie une succession d’épisodes délirants. Le rythme est rapide, l’humour omniprésent, et chaque détour de page réserve une surprise plus folle que la précédente.

Ce foutraque assumé fait tout le charme de la bande dessinée. Là où certains récits cherchent la cohérence, Mégalo Poupos préfère l’abondance. Mais aussi l’improvisation et le goût du grand mélange.

« Ohé ! Bande de larves ! Voyez le désespoir de Poupos ! Il en perd la raison… et vous, z’êtes même pas foutus de trouver un plan d’action ? Pourtant, il me semble que la magie d’une reine Tripaslicu et du grand Melchior Képic ne saurait craindre la pusillanime Joanne Ace… Eh bien quoi ? En panne d’inspiration ? Bah je vais vous le dire moi, quel sera l’instrument de la vengeance. »

Une galerie de personnages à croquer

Ce qui fait aussi le sel de Mégalo Poupos, c’est sa galerie de compagnons. Ils sont aussi attachants que farfelus :

• Poupos : antihéros attachant, un peu gauche mais animé par une vraie passion culinaire ;
• Mortabelle : fidèle cochon-destrier, improbable compagnon de route. Sa présence absurde accentue le décalage humoristique.
• Filos Bredouille : peintre en bâtiment devenu portraitiste, bien décidé à immortaliser Poupos. Il devient ainsi un miroir ironique de cette aventure culinaire.
• Joanne Ace : rivale redoutable et sans pitié. Elle affronte Poupos dans un duel culinaire épique ;
• Homlet : prince du Danemark dont le nom « clin d’œil » ajoute une touche shakespearienne. Il enrichit ainsi ce théâtre culinaire.
• Mais aussi Poulpina, l’envoûtante barmaid du Calabar, mi-poulpe, mi-femme ; les gnomes Tripaslicu, créatures de la forêt sans retour ; ou encore Melchior Képic, hérisson puissant mage et gardien d’Excalibeurre.

Tous ces personnages, excentriques et savoureux, enrichissent l’odyssée de Poupos. Ils transforment de ce fait son aventure en une véritable fresque burlesque.

Une aventure graphique et sensorielle

Graphiquement, Nicola Torán propose un style expressif, généreux et baroque. Les traits débordent de vitalité. De plus, les cadrages accentuent l’exubérance et chaque case regorge de détails à dévorer.

Le dessin épouse parfaitement l’écriture drôle et décalée de Roland Theimer.

Cerise sur le gâteau, l’expérience se prolonge avec une bande originale signée Clément Buffière disponible en ligne (à écouter ici). Une fantaisie supplémentaire qui accentue le côté œuvre totale et ajoute une dimension sensorielle à la lecture.

Mégalo Poupos est une aventure mythologique et culinaire. On y retrouve la structure de la quête du Graal, détournée avec la légendaire Excalibeurre.

Des références plus subtiles apparaissent aussi : les champignons qui font rapetisser, en écho à Alice au pays des merveilles ; les épreuves culinaires proches des légendes antiques ; les duels héroïques qui rappellent les épopées chevaleresques.

Cette densité de références ne pèse pas le récit : elle l’allège au contraire par l’humour et crée un terrain de jeu où la cuisine devient l’arme la plus noble et la plus puissante.

Roland Theimer et Nicola Torán – Mégalo Poupos dans la quête du gras, éditions Hachette, 180 pages, parution le 17 septembre 2025.