Marcel et Monsieur Pagnol est le grand retour de Sylvain Chomet (Les Triplettes de Belleville) à l’animation. Présenté en Séance spéciale à Cannes et en Compétition au Festival d’Annecy, ce biopic romancé du célèbre auteur français est un petit régal visuel.
Comme son titre l’indique, Marcel et Monsieur Pagnol s’attaque à la vie du célèbre auteur provençal à qui on doit notamment Manon des Sources, Jean de Florette, La Gloire de mon père et le Château de ma mère. Un touche-à-tout faisant qui a avant tout écrit des récits puisant leur source dans ses souvenirs d’enfance, où scènes de ménage et histoire des tromperie se côtoient jusqu’à ce que Pagnol fasse désormais partie du panthéon culturel français.
Pagnol par Marcel
Ce n’est donc pas hasard si son œuvre publiée de manière posthume Confidences s’attaque à un regard rétrospectif sur la vie de cet homme ayant globalement évolué à travers le théâtre, le cinéma et la littérature. Marcel et Monsieur Pagnol entend donc conter la vie de cette personne ordinaire au destin plutôt extraordinaire, dans un biopic en animation réalisé par le grand Sylvain Chomet !

En effet, le réalisateur français est à l’origine de l’ultra-fun Les Triplettes de Belleville, mais aussi de L’Illusionniste (une déclaration d’amour à Jacques Tati) sorti en 2010. Cela faisait donc 15 ans qu’on avait pas eu de film d’animation de Chomet, avec comme maigre consolation le meilleur passage du film Joker – Folie à Deux (son introduction conceptualisée comme un segment des Looney Tunes).
Sylvain n’a pas Chomet
Et d’entrée de jeu, Marcel et Monsieur Pagnol transpire le style inimitable de son réalisateur, avec sa patine 2D fourmillant de détails. Que ce soient les divers décors et surtout l’animation globale (dépassant régulièrement le 30 images/seconde), c’est un pur bonheur de chaque instant qui accompagne le spectateur. Un artisanat qui ne perd rien de sa superbe (figée dans une première heure centrée sur le théâtre, et plus cinégénique ensuite), tandis que la narration se veut plus classique que dans les précédents Chomet.

En effet, Marcel et Monsieur Pagnol débute à Paris en 1955, alors que l’auteur (doublé par Laurent Lafitte maîtrisant l’accent marseillais) est globalement à bout suite à l’échec de sa nouvelle pièce. Mandaté par le magazine Elle pour écrire un article à son propos, il va être visité de manière intra-diégétique par le Marcel enfant, l’intimant à se remémorer une vie semée de succès, mais également d’embûches personnelles.
Classicisme certain
De sa passion pour l’écriture en passant par les premières salles vides, au premier succès jusqu’au début d’une carrière au cinéma… Marcel et Monsieur Pagnol prend des airs de rise & fall codifié. Sans nul doute la principale limite du métrage, mais qui se veut constamment contrebalancée par une étude de personnage qui va en profondeur (parfois trop devant le nombre d’informations affiché).

Humiliations de par son identité de provincial affirmé, histoires d’amour se soldant par la rupture, la survenue de la guerre… derrière son écrin tout public et chatoyant, le film se veut résolument adulte ! Une tonalité qui ne l’empêchera d’être vu par le plus grand nombre, mais affichant une mélancolie qui sera uniquement captée par un auditoire plus mature.
Le film se veut même étonnamment érudit dans son regard sur l’émergence Hollywoodienne (qui s’est d’ailleurs construite via l’importation de cinéastes étrangers), magnifiée par une reconstitution d’époque alliant poésie et minutie. In fine, le voyage global que représente ce Marcel et Monsieur Pagnol tient de la déclaration d’amour pure. Un film testamentaire en somme, représentant un plaisir de chaque seconde malgré une narration plus consensuelle dans sa seconde partie.
Marcel et Monsieur Pagnol sortira au cinéma le 15 octobre 2025. Retrouvez tous nos articles du Festival de Cannes ici et du Festival d’Annecy ici.
avis
Marcel et Monsieur Pagnol est à la fois un retour en grande forme de Sylvain Chomet, et une déclaration d'amour touchante envers le célèbre auteur de Jean de Florette et Manon des Sources. Un film parfois scolaire dans son traitement du biopic, mais hautement érudit, sincère, mélancolique et impeccablement animé !