Like nous plonge dans une aventure hilarante et vertigineuse sur notre rapport aux réseaux sociaux et la quête de soi.
Après nous avoir conquis en 2022 avec sa pièce aux deux Molières, Glenn, naissance d’un prodige qui retraçait le parcours passionnant du génie de la musique Glenn Gloud, Ivan Calberac revient avec une nouvelle création dans un tout autre registre. Il nous plonge ici dans une pièce très actuelle qui questionne avec humour la manière dont notre rapport aux réseaux sociaux impacte notre quotidien et nos relations.
Faire rire sans culpabiliser ?
Pour ne rien vous cacher, nous avions quelques craintes en nous aventurant à la découverte de ce spectacle. Car la thématique de notre rapport aux réseaux sociaux a souvent vite fait d’être résumée à une caricature peu flatteuse que l’on nous présente comme notre reflet, pour celles et ceux d’entre nous qui les utilisent, sans bien chercher à creuser davantage le sujet.

Mais, ouf, Yvan Calberac vit « avec » son temps, et non « contre » lui, et réussit ici à nous faire rire des excès (les nôtres, on veut bien le reconnaître !) que cette cohabitation avec la virtualité génère, sans jamais chercher à nous faire la morale et encore moins à nous culpabiliser. Bien au contraire, il assaisonne cette comédie d’un soupçon de pédagogie qui aidera peut-être les moins familiers de la chose à mieux comprendre ce qui se joue derrière cette course aux likes qui nous font tant de bien, et qui deviennent même une condition à certaines formes de réussites.
Likons-nous les uns les autres
Car c’est comme ça que cette histoire commence. Lou est prof de yoga, et pas franchement intéressée par les réseaux sociaux. D’ailleurs, elle n’y a même pas de compte. Sauf que, contrairement à certaines de ses collègues dont les vidéos cartonnent sur Instagram, Lou ne parvient pas à remplir ses cours. Alors, pour ne pas perdre son travail, elle se décide à sauter le pas, sans imaginer une seule seconde dans quel engrenage elle vient de mettre le doigt…

La jeune femme, d’abord démoralisée de constater que son tapis de yoga reçoit plus de likes que sa photo de profil, va entamer une véritable remise en question de son image. Elle les veut ces likes et ces commentaires qui font un bien fou à l’ego, qui redonnent confiance, qui donnent l’illusion d’être aimée, et qui se mettent rapidement à devenir plus importants que le reste. Quitte à devenir un personnage et à jouer sa vie. Quitte à s’y brûler les ailes et à mettre en danger sa relation amoureuse, celle qui existe au-dehors de l’écran de son smartphone.
Like : une comédie dans l’air du temps
Avec 300 abonnés en deux semaines, Lou, interprétée par la radieuse et sensible Lison Pennec, semble être sur la bonne voie. Enfin, LovingLou plutôt, puisque c’est son nom sur les réseaux. Il faut dire qu’elle met le paquet pour que son compte décolle. Coiffeur, styliste, chirurgien esthétique… tout le monde y va de son coup de baguette magique pour rendre Lou plus « likable ».
« Tu sais, sur Internet, la seule vérité qui compte c’est celle à laquelle les gens ont envie de croire. »
Autant de personnages un brin burlesques interprétés avec beaucoup de drôlerie par Arthur Gomez – qui incarne également le compagnon de Lou qui bascule quant à lui doucement vers un complotisme facile – et Benoit Tachoires, dans une mise en scène pleine de fraîcheur d’Ivan Calberac et une scénographie tout en néons de Pauline Gallot, qui utilise habilement les projections en fond de scène sur l’écran d’un smartphone géant. C’est une pièce fraîche, drôle, juste, qui nous invite à réfléchir sans stigmatiser, et même en nous rappelant par un joli clin d’œil final que notre époque n’a peut-être pas autant que nous voulons le croire le monopole du paraître.
Like, écrit et mis en scène par Ivan Calberac, avec Lison Pennec, Arthur Gomez et Benoit Tachoires, se joue jusqu’au 14 juin 2025 à la Comédie de Paris.

Avis
Ivan Calbérac aborde avec beaucoup de justesse et d'intelligence cette thématique qui parle forcément, d'une manière ou d'une autre, à chacun de nous. Et c'est avec beaucoup de bienveillance et de fantaisie qu'il nous invite à rire (de nous !) Et ça, ça fait toujours du bien à l'ego pour que les likes ne le fassent pas trop enfler !