Pour dissiper toute confusion, place à un préambule : l’auteur de ses lignes apprécie grandement Rémi Bezançon.
Après avoir brillé avec ses deux premiers longs-métrages, le cinéaste nous avait fait quelque peu douter avec Nos Futurs et son récit un peu prétexte. Avec Fabrice Luchini comme Camille Cottin en tête d’affiche, et un pitch fourmillant de promesses, on se dit que le mystère Henri Pick peut s’affirmer comme un retour en grandes pompes.
Henri Pick : Part One?
Force est de constater que le maître mot de cette supposée aventure est “sécurité”. Bezançon saupoudre de comédie un polar, ou l’inverse, et (ré)imagine un personnage de détective littéraire acharné qui ressemble à s’y méprendre à une ouverture de franchise. L’idée serait séduisante si l’ensemble n’avançait pas au rythme d’un feuilleton télévisuel, de ceux que l’on regarde l’après-midi sur une chaîne nationale.
Il y a cela les bons côtés : l’intrigue, cousue de fils blancs et à l’issue aisément détectable, est conduite sans fausse note. Par instants même, Bezançon use de quelques astuces de mise en scène sensiblement pétillantes. En guise d’exemple : ce tournage vidéo savoureux à la manière des JT période 70’s, avec scratchs de micro et enthousiasme rétro. Au sein d’un programme policé, l’idée fait sourire et réveille quelque peu de la torpeur.
Luchini, Cottin : est-ce suffisant?
Autre argument : l’alchimie entre Luchini et Cottin. Assister à la confrontation entre ces deux bêtes de scène donne lieu à des menus instants savoureux. Là aussi pourtant, on serait tenté de rediriger les spectateurs vers leurs délectables premiers échanges dans Dix pour Cent, où la joute était mâtinée d’une remarquable émotion.
Pour le reste, il est difficile d’accorder à cette production sans réelle aspérité ni brillance, le terme de “mémorable”. Sur des rails, Bezançon semble se mettre au service d’un récit qui tient sur une feuille de papier. Si le roman de Foenkinos a ses adeptes, son adaptation s’en tient au ras du sol et déroule son programme en mode mineur, avec montage inoffensif et musique accessoire. Rien qui ne rappelle le vertige émotionnel du Premier Jour du reste de ta vie, par exemple.
On imagine bien le film connaître un succès public, et c’est tout ce qu’on lui souhaite. Mais force est de reconnaître que les adeptes auront du mal à retrouver ici le cinéaste si inventif et énergique qu’on a connu au début. Pour la prochaine?
Un commentaire
j’hésite… on va dire, pourquoi pas!